
Expert pétrolier international et président du cabinet Energy, le docteur Mourad Preure considère que les énergies renouvelables ne peuvent pas rivaliser avec les énergies fossiles dans la situation actuelle et l'énergie éolienne ou solaire n'est pas disponible en continu, a-t-il précisé lors de son passage, mardi, au Forum de la presse organisé conjointement par le site électronique d’information Dzertic24 et le quotidien Le Maghreb, au cours duquel il a évoqué la consommation mondiale de pétrole, l’importance des énergies renouvelables, ainsi que la baisse du prix du baril de pétrole.
Le spécialiste explique, dans ce contexte, que l'énergie électrique n'est pas considérée comme une énergie primaire et notre pays dépend d'autres énergies pour sa production, notamment l'énergie nucléaire, le solaire ou hydrique. «C'est pourquoi on dit que les énergies renouvelables sont encore au début du chemin pour concurrencer les énergies fossiles».
D’après les statistiques, la demande de pétrole dans le monde oscille autour de 39%, le gaz un peu plus de 23%, le charbon 24% et les énergies renouvelables ne dépassent pas 14% alors que le nucléaire se situe autour de 6%. Ces chiffres montrent que les énergies renouvelables sont actuellement à la traine et n’atteindront les 25% que d’ici à 2030. Il faudrait, selon lui, de grandes révolutions énergétiques pour qu’elles puissent s’imposer. «La maîtrise de cette énergie n’est pas totalement garantie et devra connaître de nouvelles évolutions pour être utilisée dans une grande partie du monde».
Des révolutions technologiques sont en cours dans le renouvelable, dans le solaire photovoltaïque et thermique et l’éolien qui vont contribuer à abaisser considérablement les coûts, déjà compétitifs, particulièrement là où les conditions naturelles s’y prêtent. Mais la discontinuité caractéristique du renouvelable restera encore un problème sérieux et le stockage de l’électricité demeure un défi qui sera relevé sans que l’on sache à quelle échéance.
L’expert affirme que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) avait abaissé ses prévisions d'évolution de la demande pétrolière pour cette année en raison de la crise sanitaire et évoqué des perspectives encore plus fragiles pour le marché. «La courbe des prix montre des cours qui ne dépasseront pas les 48 dollars l’année prochaine, la crise économique ayant brutalement réduit la demande mondiale à hauteur de 6% au premier trimestre et de 17% au deuxième trimestre. L’industrie pétrolière était à l’agonie et a connu pour la première fois de son histoire des prix négatifs.»
Pour l’invité du forum, les prix ne vont pas s’envoler, la demande n'étant pas près d'atteindre un véritable pic, d’autant plus que la consommation a chuté en raison de la pandémie de Covid-19. Par ailleurs, le pétrole de schiste américain observe une attente et il faut ajouter à cela le retour probable du pétrole iranien sur le marché mondial.
Concernant la loi de finances 2021, Mourad Preure indique que l’Algérie n’est pas en situation désespérée et son élaboration sur la base d'un prix référentiel de 40 dollars demeure acceptable. «L’Algérie a besoin que le prix atteigne les 135 dollars pour pouvoir dépasser la crise économique actuelle», a-t-il relevé, écartant toute possibilité de voir les prix atteindre 140 dollars à court ou moyen terme. «Depuis 2014, les investissements en matière d’exploration pétrolière ont baissé de 1200 milliards de dollars, ce qui se répercutera sur la demande, laquelle va fortement baisser dans cinq ans. Cela laisse présager que le prix du baril connaîtra une hausse à moyen et long terme ».
Mohamed Mendaci