L'Europe est confrontée à une crise du gaz et d'électricité qui risque de «perdurer pendant des années», selon des experts. Interrogé sur le pire scénario qui pourrait frapper l'Europe pour le prochain hiver, l'expert international en économie Abderrahmane Hadef a indiqué que «selon les projections, la crise énergétique en Europe va se prolonger malgré les efforts consentis pour le remplissage des stocks stratégiques de gaz à hauteur de 90% des capacités». Mais «cela ne va pas permettre de résoudre cette problématique tant qu'une solution au conflit entre la Russie et l'Ukraine n'est pas trouvée», a-t-il analysé. Dans ce sillage, il explique que face à cette crise, l'Europe se prépare à cet hiver pour éviter le pire scénario de pénuries et de pannes d'électricité. «L'Europe compte diversifier ses sources d'approvisionnement, en optant pour d'autres fournisseurs, et ce, pour essayer de satisfaire ses besoins à court terme, surtout avec l'arrivée de l'hiver qui risque d'être très dur cette année». Une situation, ajoute-t-il, qui va même «impacter lourdement le pouvoir d'achat des citoyens».
La guerre en Ukraine n'est pas sans conséquence, d'autant que les prix du gaz ont grimpé et l'inflation pourra éventuellement accélérer l'entrée de l'Europe en récession. Faisant le point, l'analyste a estimé que «ces crises successives vont pousser les marchés vers des pics historiques en termes de prix du gaz. Ce qui a amené tous les pays européens à mettre en place des programmes d'austérité et des restrictions pour diminuer au maximum la consommation pour les mois à venir», a-t-il commenté. Soulignant, en ce sens, que «cette situation a aussi fortement perturbé l'activité économique avec des perspectives très défavorables». «Le FMI parle de ralentissement de l'activité économique pour l'année à venir, mais il est fort probable que l'Europe entre en récession économique», a-t-il prévenu. En plus précis, il dira que des pays locomotives comme l'«Allemagne et la France sont déjà dans le rouge.
En Allemagne, on parle même d'un recul dans certaines activités, comme celle de l'industrie métallurgique à hauteur de 30%, l'industrie automobile est aussi perturbée à cause de la crise énergétique et par manque de certains composants électroniques».
«Aussi, et à moyen terme, l'Union européenne a décrété un plan d'urgence de transition énergétique baptisé REPowerEU à l'horizon 2027, basé sur trois axes principaux, à savoir l'amélioration de l'économie dans la consommation énergétique, la diversification des fournisseurs et, enfin, l'augmentation de l'utilisation des énergies renouvelables et vertes», a-t-il détaillé. Maintenant, la question qui mérite d'être posée est la suivante : Sonatrach a-t-elle les capacités suffisantes pour assurer l'approvisionnement de l'Europe en gaz ? En réponse à cette question, l'économiste a indiqué que «l'Algérie à travers la compagnie nationale Sonatrach s'est dite toujours prête à respecter ses engagements et même de faire des efforts pour assurer un meilleur approvisionnement en produits énergétiques, et particulièrement le gaz, par les différents canaux possibles».
D'ailleurs, il rappelle que Sonatrach vient de signer un accord sur trois années pour fournir le gaz à la Slovénie. «De même pour les projets encore avec les pays comme l'Italie, où on a décidé d'élever le niveau de partenariat et l'étendre même vers les énergies renouvelables et l'hydrogène vert qui seront dans une vision de coopération stratégique à long terme».
Et de poursuivre : «l'Algérie se repositionne comme le principal acteur énergétique de la région et se projette pour un rôle plus important, surtout après le lancement du grand projet du gazoduc transsaharien entre l'Algérie et le Nigeria», a-t-il conclut. Pour rappel, le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a affirmé, tout récemment, que les recettes pétro-gazières algériennes devraient dépasser les 50 milliards de dollars d'ici la fin de l'année en cours, et ce, grâce aux réalisations enregistrées l'année dernière, soit une hausse de 45% par rapport à 2021.
Samia Boulahlib
