
L'industrie automobile est un moteur de la relance économique en Algérie. Il est actuellement un secteur clé pour la relance économique, qui va permettre de réduire la dépendance des hydrocarbures, de diversifier le tissu industriel, de créer de la valeur ajoutée et de l'emploi, et de renforcer la compétitivité régionale et internationale de notre pays.
L’investissement dans ce secteur ouvre le chemin de la croissance et de la diversification et ce secteur stratégique occupe une place de choix, car il représente un potentiel de création de richesse, d'emplois et d'innovation. Lors de sa visite en Chine en juillet 2023, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a renouvelé son appel aux investisseurs chinois, notamment ceux spécialisés dans l’industrie automobile, à s’implanter en Algérie vu les nombreux avantages et les nombreuses facilités accordés aux investisseurs notamment étrangers.
Comparativement aux autres représentants des marques internationales d’automobiles, JAC est le seul constructeur, via la Sarl Emin Auto, à avoir proposé un véritable projet industriel dans la wilaya d’Ain Temouchent, non pas celui de montage mais une production en bonne et due forme.
S’étendant sur une superficie de 33 ha, acquis sous forme de concession, ce projet entre dans le cadre du développement de la zone industrielle de Tamazoura. Il prévoit la création de plus de 2.000 emplois directs et 7.000 autres indirects, le transfert technologique et surtout la mise en place d’un tissu d'équipements domiciliés dans des espaces limitrophes.
Cette firme sera la première usine privée de fabrication automobile, moteurs et superstructures en Algérie, sans compter les opérations de soudage, d'emboutissage et de soudure.
Emin Auto, un des acteurs majeurs du secteur de l’automobile en Algérie depuis plus de 20 ans, avait introduit pour la première fois les camions de marque JAC dans notre marché en 2000. JAC Motors et son partenaire historique en Algérie Emin Auto, se sont engagés pour une usine de fabrication camions JAC ainsi qu’une autre pour la production de moteurs en Algérie et ce à travers cinq étapes distinctes à savoir ; usine de fabrication de moteurs, unité de fabrication de superstructures, châssis, cabines et peintures, la sous-traitance et l’exportation de 40% de la production vers plusieurs pays d’Afrique.
Contacté par El Moudjahid, Nihat Sahsuvaroglu, directeur général de la SARL Emin Auto, nous a affirmé que la nouvelle loi sur l’investissement met en exergue la volonté du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, d’asseoir un développement local et national à travers l’entrepreneuriat et l’investissement, créateurs de richesses et d’emplois. «C’est d’ailleurs pour répondre à cette volonté, insiste notre interlocuteur que nous déployons tous les moyens en notre possession pour aider à l’aboutissement de ces objectifs». Il explique dans ce sens que le projet de l’usine Emin Auto/JAC a obtenu tous les avis favorables après l’achèvement des différentes études techniques, technologiques et de faisabilité, ce qui a permis à l’entreprise algérienne d’entamer les travaux de réalisation de son projet en 2016. Tous les équipements et matériels nécessaires à la mise en exploitation de l’investissement, ont été importés et acheminés sur site. «Nous allons ramener une usine complète avec des lignes de montage d’une technologie de pointe pour produire 100.000 unités/an, dont 40% seront destinées à l’export vers l’Afrique», nous confie-t-il.
Le gouvernement chinois s’est, faut-il le rappeler, engagé, à travers une lettre adressée en avril 2018, par son ambassadeur en Algérie à l’ancien Premier ministre, à réaliser un important projet industriel, le plus important de l’histoire de l'industrie automobile en Algérie. Cet investissement, pour lequel le patron d’Emin Auto a déjà déboursé plus de 125 millions de dollars, a été finalement rejeté par les présidents de l’ex-Conseil national de l'investissement (CNI). «Ils ont tout entrepris pour bloquer le projet et anéantir toute volonté de le mener à bout», regrette-t-il.
Mais la volonté d’aller au bout de ses projets dans la production industrielle, a poussé Sahsuvaroglu à recourir à la justice algérienne qui l’a réhabilité à travers l’arrêt de la Cour suprême qui a définitivement statué et reconnu qu’il y a eu «blocage arbitraire». Cette décision de justice qui a coïncidé avec la nouvelle stratégie industrielle, mise en place par le programme et les orientations du chef de l’Etat, a encouragé Emin Auto à relancer son projet.
«Actuellement, les travaux de génie civil de l’usine ont atteint un taux d’avancement de 80%. Les 20% restants pour achever la construction de l’usine représente la charpente métallique nécessaire pour le montage des ateliers ainsi que les équipements de montage. Un équipement qui est actuellement entreposé au parc sous douanes sur le site depuis plusieurs années», relève-t-il.
Selon Sahsuvaroglu, le dossier introduit en date du 22 octobre 2023, auprès de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) pour délivrer l’attestation d’enregistrement de l’investissement, est resté sans suite en dépit de toutes les relances et des actualisations successives exigées. A ce jour, le seul motif de blocage invoqué par l’agence se rapporte à la non observation, par le notaire ayant opéré en 2012 une modification des statuts de la société, de la procédure d’exercice du droit de préemption détenu par l’Etat et les entreprises publiques. Une disposition abrogée depuis, par la loi de finances pour 2020. Le patron d’Emin Auto souligne que cette procédure liée au droit de préemption de l’Etat, en vigueur entre 2009 et 2019, relevait exclusivement des prérogatives du notaire et des services du ministère de l’Industrie.
«En notre qualité d’opérateur, nous ne disposons d’aucun droit ou moyen de regard ; l’essentiel pour nous c’est le respect des dispositions législatives relatives à la répartition du capital entre nationaux et étrangers (51/49%)». Une disposition que l'opérateur-investisseur assure avoir hautement honorée
Mohamed Mendaci