Gouvernance de l’eau : Un atout économique indéniable

La rationalisation de la consommation de l’eau s’impose. Des quantités frôlant les 10 milliards de m3 sont consommées annuellement en Algérie. Une situation qui n’est pas sans conséquences sur le plan économique. Deux universitaires, les Professeurs Abdelkader Hadir et Adlane Sedrati, citent le plan national d'action pour l'environnement et le développement durable qui avait montré que le produit intérieur brut (PIB) est «affecté négativement à cause d'une série de problèmes qui frappent les ressources naturelles du pays et en particulier le problème de la pollution et de la pénurie». Les pertes économiques consistent, expliquent-ils, «en des gaspillages découlant d’une gestion peu efficace de l’environnement, de l’énergie et des matières premières». Des pertes de marchés et d’image surviennent aussi du fait d’un environnement dégradé. «Ces pertes économiques ont été estimées à 2% du PIB», indiquent les universitaires dans une étude publiée au dernier numéro de la «Revue des réformes économiques et intégration en économie mondiale». Notons que le ministre des Ressources en eau, Arezki Berraki avait affirmé que son secteur connaîtra des réformes profondes en matière de gouvernance de l'eau pour mettre fin à la précarité du service en dépit de l'abondance des ressources. «Les indicateurs positifs enregistrés par le secteur ne reflètent pas la réalité sur le terrain, en ce sens que les efforts consentis ont focalisés sur la disponibilité des ressources hydriques et non sur leur exploitation idoine», soulignait-il. Il précisait que la mobilisation annuelle s'élevait à 9,7 milliards de m3, dont 6,8 milliards de m3 destinés à l'agriculture, ajoutant que grâce aux 80 barrages existants, la mobilisation annuelle de ces ouvrages s'élève à 3,8 milliards de m3. Par ailleurs, les universitaires précisent que cette problématique est mondiale. Les ressources en eau, bien utilisées, ont un «impact positif et significatif sur l'augmentation du produit intérieur brut (PIB) par leur participation à la relance des différents secteurs économiques». Aux yeux des auteurs de cette étude, «les ressources en eau sont l'élément vital pour toutes les économies des pays du monde avec les différences de leurs caractéristiques, elles interviennent d'une façon directe dans toutes les activités économiques : l'agriculture, l'industrie que ça soit extractive ou synthétique, et le tourisme». Toutefois, outre le problème de la pollution et de l'épuisement, la croissance démographique que le monde assiste aujourd’hui est «l’une de ces pressions auxquelles doivent faire face les ressources en eau. Cette croissance démographique conduit généralement à l'émergence de tensions et de conflits entre les pays pour l’obtention de ces ressources et également pour la gestion de ces réserves d’eau». Une situation qui rend «nécessaire de donner la priorité pour chaque goutte d'eau afin de bien l’exploiter au mieux». Dans leur étude, les universitaires soulignent que les défis à relever dans le secteur de l’eau sont nombreux. Et citent «la coordination et la suppression des conflits et des problèmes entourant le domaine de l’eau en permettant à tous les segments de la société de bénéficier de cette ressource, ainsi que la nécessité d’un travail multidisciplinaire pour répondre aux exigences d’une gouvernance durable de l’eau».

Fouad Irnatene

Sur le même thème

Multimedia