
Quelques mois seulement après son élection à la tête du pays et après avoir écouté, lors d’un Conseil des ministres en avril 2020, un exposé sur la crise inédite qu’a connue le marché mondial du pétrole, suite à la propagation de la pandémie du Coronavirus, le Président Tebboune s’est interrogé : «jusqu’à quand notre devenir dépendra-t-il des fluctuations du marché pétrolier mondial ?», soulignant qu’«il est temps de se tourner résolument et avec détermination vers l’industrie pétrochimique et de développer les secteurs de l’industrie et de l’agriculture». Le président de la République procèdera ainsi à la concrétisation de l’un de ses principaux engagements, à savoir œuvrer à la diversification des exportations, insistant lors de l’ouverture de la conférence nationale sur le Plan de relance pour une nouvelle économie, tenue en août 2020, sur «l’impératif de porter les exportations hors hydrocarbures à 5 Mds Usd avant fin 2021». Il avait alors annoncé «une batterie de mesures à mettre en œuvre pour encourager les exportateurs», outre «la mobilisation de tous les moyens en vue de diversifier les exportations».
Du slogan à la réalité
En dépit de la récession économique mondiale induite par la propagation de la pandémie de Covid-19, l’Algérie a pu réaliser plus de 5 Mds Usd d’exportations non-pétrolières à la fin 2021. Parmi les principales filières ayant connu une hausse importante des exportations, figurent les produits alimentaires, agricoles et pétrochimiques, les matériaux de construction (céramique, ciment et fer), le plastique, le caoutchouc, le verre, le papier, les médicaments, le textile ainsi que les appareils électroménagers. En toute confiance, le président de la République a annoncé en 2022, un nouvel objectif, celui d’atteindre 7 Mds Usd d’exportations hors hydrocarbures en 2022. Le Président Tebboune a voulu ainsi que l’année 2022 soit «une année économique par excellence» en vue d’insuffler, après deux années marquées par l’impact de la crise sanitaire de la pandémie de Covid-19 sur l’économie mondiale, une nouvelle dynamique sur le plan économique, à la faveur d’indicateurs soutenant une nette amélioration des taux de croissance et une reprise dans tous les secteurs, avec le lancement de plusieurs projets vitaux, parallèlement à la promulgation de la nouvelle loi relative à l’investissement. En décembre 2022, lors de son entrevue périodique avec les représentants des médias nationaux, le président de la République a affirmé que «l’augmentation de la valeur des exportations hors hydrocarbures n’est plus qu’un simple slogan, mais une réalité palpable». Comme prévu, l’année 2022 a été réellement marquée par une hausse record des exportations hors hydrocarbures, atteignant 7 Mds Usd à la fin de l’année. «Nous avons pu, pour la première fois, augmenter les exportations de 1,7 milliard de dollars en 2019 à 5 milliards de dollars en 2021 puis à 7 milliards de dollars en 2022, soit une hausse de 30% en glissement annuel», avait déclaré le Président Tebboune en janvier 2023, à l’ouverture des travaux de la réunion gouvernement-walis.
Ces réalisations historiques dans le domaine des exportations hors hydrocarbures ont permis de fixer de nouveaux objectifs plus ambitieux, qui seront annoncés lors de la rencontre périodique du président de la République avec la presse nationale en mai 2023, où le Président avait déclaré que les pouvoirs publics «se sont assignés l’objectif d’atteindre 13 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures au courant de cette année», avant d’affirmer à la mi-juin depuis Moscou «nous aspirons cette année à atteindre 13 milliards de dollars pour relancer la roue du développement». Grâce à ses capacités productives en termes de qualité et de prix concurrentiels, à la volonté politique et aux facilités accordées pour encourager la production nationale et accroître les exportations, l’Algérie est en mesure d’atteindre l’objectif escompté dans le domaine des exportations hors hydrocarbures, un domaine qui revêt une importance stratégique dans le programme du président de la République, selon les experts et les observateurs.
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Opérateurs et experts saluent les mesures concrétisées par l’Etat
Des opérateurs et des experts ont affirmé que les facilitations administratives et douanières concrétisées par l’Etat pour stimuler les exportations hors hydrocarbures, l’implantation d’espaces d’exposition permanents de produits algériens dans nombre d’Etats africains, et l’ouverture de filiales de banques publiques à l’étranger, étaient à même de promouvoir l’exportation en Algérie. Dans une déclaration à l’APS, le président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Kamel Moula a soutenu que l’économie algérienne jouissait aujourd’hui, grâce à la batterie de mesures annoncées puis concrétisées en vue de réaliser la diversité économique, d’aouts lui permettant de devenir «leader en matière d’exportation, notamment vers l’Afrique, les pays arabes et méditerranéens». M. Moula s’est félicité, dans ce cadre, des efforts considérables consentis ces dernières années en faveur des exportateurs hors hydrocarbures, à travers les facilitations douanières, administratives et financières, ajoutant que l’ouverture prévue de banques algériennes à Paris, à Nouakchott et à Dakar permettra d’assurer aux opérateurs l’accompagnement bancaire nécessaire, et de propulser par la même les exportations hors hydrocarbures, établies à près de 7 Mds Usd l’année dernière. Et d’ajouter que la création d’espaces d’exposition permanents de produits algériens à l’étranger, au Sénégal et en Mauritanie dès juillet courant, «encouragera aussi bien les industriels que les exportateurs, en ce sens que ces espaces deviendront des plateformes d’exportation et de contact durable entre les producteurs algériens et les partenaires étrangers». S’agissant de la méthode axée sur les objectifs engagée par les pouvoirs publics pour promouvoir les exportations hors hydrocarbures, le président du CREA a qualifié l’objectif de 13 Mds USD d’exportation hors hydrocarbures à réaliser cette année, de «très important». «Cette approche permet aussi bien aux pouvoirs publics qu’aux opérateurs de définir les moyens à mobiliser pour y parvenir», a-t-il expliqué, appelant, par ailleurs, à renforcer la chaîne logistique en Algérie.
De son côté, le président du Cluster algérien des fruits et légumes à l’export CAFLEX, Toufik Hadkeheil a mis en exergue le rôle des facilitations, douanières et administratives notamment, dont bénéficient les entreprises exportatrices en Algérie, appelant à davantage d’accompagnement et d’encadrement de l’activité d’exportation sur le plan bancaire. Le président de ce Cluster a relevé l’importance pour les exportateurs de s’organiser en clusters spécialisés afin de «mutualiser les moyens logistiques, de production et de distribution de telle sorte à couvrir, ensemble, les marchés mondiaux de manière plus large». Quant aux capacités de l’Algérie en matière d’exportation des produits agricoles, M. Hadkeheil a rappelé que notre pays regorgeait de «moyens d’exportations considérables» dans ce segment d’activité, à la faveur de la qualité et la diversité des produits à longueur d’année, mais également à la faveur de la superficie agricole, du climat idoine et du développement qu’a connu récemment le secteur agricole. Il a, à ce propos, appelé à exploiter, de la meilleure manière qui soit, ces atouts et œuvrer à l’amélioration des moyens logistiques, à savoir : le transport, le stockage et les chaînes du froid. Le cluster qu’il supervise détient, de surcroît, l’ensemble des certificats de conformité aux normes internationales en matière de produits agricoles, ce qui boostera encore plus les produits algériens sur les marchés internationaux, a-t-il soutenu. Concernant l’ouverture prévue d’expositions algériennes permanentes en Mauritanie et au Sénégal, au cours de juillet, dans l’objectif de contribuer à soutenir les exportations algériennes et à renforcer la présence des produits nationaux sur les marchés africains, l’opérateur a salué cette «excellente initiative», relevant l’importance de développer davantage les mécanismes de la diplomatie économique au service de l’entreprise algérienne et du producteur algérien à l’étranger. De son côté, l’économiste, Ali Harbi, a mis en avant l’approche adoptée par les pouvoirs publics en termes d’exportations hors hydrocarbures, axée sur des objectifs annuels, appelant, par là même, à «accélérer» la concrétisation de la stratégie nationale tracée dans le domaine des exportations hors hydrocarbures. «L’objectif, fixé pour cette année, d’atteindre 13 milliards Usd d’exportations hors hydrocarbures est un objectif ambitieux et très réalisable», a-t-il précisé, ajoutant que l’Algérie a montré de grandes capacités d’exportation de nombre de produits ces dernières années, notamment dans la sidérurgie et l’agroalimentaire. L’expert a souligné l’impératif de mettre en place une stratégie à l’horizon 2030, laquelle prévoit des contrats d’efficacité sectoriels, et de procéder à une évaluation annuelle, afin d’assurer une croissance durable des exportations algériennes hors hydrocarbures.