Entrepreneuriat féminin en Algérie : Quel avenir après la Covid-19 ?

L’entrepreneuriat féminin est sans doute l’un des pans parmi les plus touchés par le coronavirus. Que faire après la pandémie pour le relancer ? Le gouvernement compte apporter de l’efficacité à travers de nouvelles mesures. La mise en œuvre du guichet unique au niveau de l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat, ex-ANSEJ, est annoncée au profit des femmes entrepreneures. Toutefois, la complexité caractérisant l’entrepreneuriat féminin n’est pas née avec la Covid-19, mais bien avant.
Aujourd’hui, notamment avec les nouvelles orientations économiques qui accordent un intérêt particulier à l’innovation, il y a lieu de redoubler d’efforts envers les femmes entrepreneures et la femme active. Comme partout dans le monde, il existe une forte corrélation entre l’entrepreneuriat féminin et le développement économique. A ce sujet, Saliha Ouadah Rebrab, universitaire, propose de «développer la recherche sur l’entrepreneuriat féminin, faciliter l’accès aux sources de financement à cette catégorie et le renfort des femmes d’affaires pour développer leurs activités et pour conquérir de nouveaux marchés». Il est aussi question d’«encourager les dispositifs d’accompagnement pour favoriser l’émergence et les suivis des initiatives économiques des femmes».
Concernant l’Ansej, l’universitaire préconise «l’accompagnement entrepreneurial, qui doit être présent en amont et en aval du projet surtout pour les femmes». Pour sa part, le docteur Abedou Abderrahmane, directeur de recherche au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement, relève «la fragmentation du paysage institutionnel et l’incohérence de ses actions». Malgré l’existence d’un tissu dense d'encadrement de l'activité entrepreneuriale, les observations du marché de l’entrepreneuriat montrent des dysfonctionnements importants. Ces derniers, argumente le docteur Abedou, touchent à «la coordination et la concertation entre les différentes strates macro, méso et micro pour la mise en œuvre de politiques publiques cohérentes en matière de développement de la création d’entreprise». Quant à Abdelaziz Belaidi et Mohamed Himrane, de l’Ecole supérieure du commerce à Koléa, ils soulignent que «la croissance du PIB par habitant, l'inflation, les crédits intérieurs fournis au secteur privé, et l'usage de l'Internet influencent l'entrepreneuriat féminin en Algérie, au Maroc, et en Tunisie de façon semblable».
En Algérie et au Maghreb en général, estiment les universitaires, afin de promouvoir l'entrepreneuriat féminin, les femmes ont besoin de «capitaux privés. Ceux-ci constituent un frein pour le lancement de leurs entreprises, notamment chez les jeunes filles qui sont les plus touchées par le fléau du chômage». Le manque d’accès au financement, enchaînent-ils, «a entraîné la prolifération de petites entreprises non enregistrées (informelles) qui fournissent peu d’emplois et sont peu susceptibles de se développer». Rappelons qu’entre 2003 et 2018, le nombre d’entrepreneurs masculins a augmenté de 85,75 % alors que celui des femmes entrepreneures a enregistré une croissance plus faible de 60,1%.
Fouad Irnatene

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