
Les assises nationales sur l’économie de la connaissance, clôturées mardi, ont été rehaussées par d’importantes interventions d'experts algériens, ainsi que des ateliers, au nombre de 7, marqués par un débat très franc, loin des discours lénifiants. Deux jours durant, le financement de la recherche, ainsi que le statut du chercheur étaient sur toutes les lèvres.
À ce sujet, Dr Mourad Belkhelfa, enseignant à l’Université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene (USTHB), propose un projet de loi qui permettra à la fonction publique d’accepter la double casquette d’un chercheur, à l’université et à l’entreprise. L’objectif, explique-t-il, est de donner un élan à l’industrie nationale, et l’industrie pharmaceutique en particulier. D’autres appels ont été lancés pour la démocratisation de la recherche et changer les textes qui sont désuets. Pour les financements des travaux de recherche, un plaidoyer a été fait en ce sens d’encourager la performance. Plusieurs experts ont mis en garde contre la «déperdition d’innovateurs algériens». Des entreprises enregistrent des «disparitions d’équipes» notamment dans le domaine de l’informatique. Dans cette optique, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a indiqué, à l’ouverture desdites assises, que «les entreprises activant dans le domaine industriel doivent accompagner les chercheurs et autres créateurs algériens dans la concrétisation de leurs projets innovants, afin de contribuer au développement économique du pays». Il précise que l'accompagnement des projets innovants figurait parmi les priorités du programme d'action du gouvernement, ajoutant que l'appui des start-ups et autres micro-entreprises constitue l'un des supports du nouveau modèle économique. Outre le statut du chercheur, il est aussi question, pour d’autres intervenants, d’intégrer la commande publique dans le domaine de l’innovation. L’accent est également mis sur les taxes de formation. Un des orateurs souligne que 50% des entreprises n’appliquent pas les dispositions de la loi qui exige à toute entreprise de consacrer 2% de son chiffre d’affaires à la formation de ses effectifs. Notons aussi que la gouvernance a été au centre des débats et des échanges, notamment dans son volet relatif aux ressources humaines. Le passage d’une administration de carrière à une administration managériale a fait l’unanimité chez les participants. Dans les propositions formulées, il était également question de revoir la notion de la gouvernance que nombre d’experts trouvent définie de «façon restrictive». Ainsi, le passage à une mutualisation des efforts devient un impératif. Ce n’est pas tout. D’autres universitaires étaient formels, affirmant que sans équité en moyens et la traçabilité, la gouvernance est vidée de son sens noble. Toujours dans ce volet relatif à la gouvernance, un appel solennel a été lancé pour auditer toutes les grandes actions lancées et faire une halte sur les raisons d’échec enregistrées.
Fouad Irnatene