L'ingénieur et expert agricole, Ahmed Malha, a souligné que le développement de la filière céréalière dans la conjoncture actuelle représente une importance cruciale, d'autant plus qu'elle constitue la base de l'alimentation des Algériens. Dans une déclaration à El Moudjahid, M. Malha a jugé nécessaire d'élaborer, à moyen terme, une stratégie pour le développement de la filière et préconisé la participation des grandes firmes économiques aux investissements dans ce domaine agricole, l'introduction des dernières technologies et l'accompagnement des agriculteurs. Il a mis en avant l’intérêt accordé par les hautes autorités du pays pour le développement de la filière céréalière, à la lumière de la situation internationale et de l'impact de la crise ukrainienne sur la demande mondiale de cette substance vitale. «Cette situation mondiale a imposé le défi de fournir des céréales de toutes sortes et de tous types, car elles constituent la base de l'alimentation des Algériens, d'autant plus que l'importation de céréales coûte au Trésor public plus de 2 milliards par an, notamment le blé tendre», a expliqué l’expert agricole, qui rappelle que les spécialistes avaient appelé depuis plus de deux décennies déjà à développer ce secteur. «Cependant, a-t-il nuancé, en raison de l'absence d'un plan clair et d’une stratégique prédéfinie, la mise en œuvre du plan de développement de la filière a été retardée, chose qui a fait que la production nationale ne couvre que 40% des besoins nationaux. Il est nécessaire d'élaborer un plan à moyen terme pour réduire la facture des importations de céréales d'au moins 60% à 70 %». Pour y parvenir, le spécialiste a mis en évidence le choix de la culture des céréales dans le Sud, qui dispose d'électricité et de gaz, mais nécessitant encore d’importants investissements. Sur ce point, il a suggéré l'implication de grandes entreprises économiques telles Sonatrach, Naftal, Sonelgaz et Cosider à travers la création de filiales agricoles pour la production de blé dans le Sud en utilisant des méthodes modernes comme l'irrigation à pivot central. «Il est judicieux d’avoir une autre solution pour développer la filière des céréales, à savoir l'accompagnement et le soutien des agriculteurs grâce à des conseils agricoles. Le recours à la voie technique et l'adoption du cycle agricole de la production céréalière dans le Nord est également recommandé, d’autant que de nombreuses wilayas peuvent réaliser une production importante, à l’instar de Mila, Souk-Ahras, Tiaret et Sétif, qui recèlent de vastes zones agricoles», a-t-il estimé. L'ingénieur a évoqué, par ailleurs, l'impact du climat et des changements climatiques ainsi que le manque de précipitations sur le développement de la culture des céréales et considéré qu'il n'est pas possible de développer ces filières sans apporter des solutions au problème de l'eau, en particulier pendant les mois de mars et avril, où les cultures doivent être arrosées, relevant la nécessité d'intervenir avec l'irrigation traditionnelle pour préserver la production. Il a également jugé primordial d'utiliser les nouvelles technologies dans cette culture et d'autres, comme l'a ordonné le président de la République à maintes reprises, y compris pour surveiller et suivre le produit agricole et les maladies qui peuvent l'infecter et des insectes nuisibles. En outre, en ce qui concerne le stockage, Malha a plaidé pour l’augmentation des capacités de stockage en Algérie qui, selon lui, ne dépassent pas 40% et rappelé à ce sujet les longues files d'attente observées cette année pour livrer le produit aux coopératives céréalières. «Il était important de réfléchir à des projets dans ce domaine, outre la nécessité de soutenir les agriculteurs avec des machines et des équipements pour les aider à récolter le produit de la manière la plus appropriée», a-t-il conclu.
Salima Ettouahria