Débat des experts sur l’avenir de l’ENIEM : une Entreprise au creux de la vague

Le destin de l’entreprise Eniem, fleuron de l’industrie de l’électroménager, anime le débat entre experts sur les réseaux sociaux. Pour Mohamed Achir, économiste, l’auteur du premier commentaire relève, d’emblée, que ladite entreprise, «à l'instar de la majorité des EPE, est doublement victime d'un modèle du secteur public marchand de l'Etat faiblement efficient et d'une gouvernance archaïque et centralisée».
Une situation, dit-il, accentuée par «une concurrence déloyale des entreprises privées d'importation et d'assemblage des CKD/SKD, qui ont bénéficié d'un dinar surévalué, de stimulus fiscaux et douaniers, voire d’une prise en charge d'une partie de la main-d'œuvre par l'ANEM, sans citer les subventions indirectes de l'énergie et l'absence des contraintes pour les inciter à fabriquer des produits de qualité, sécurisés et moins énergivores», le tout pour un résultat médiocre. En effet, depuis le début des années 2000, les dépenses en devises s’élèvent à plusieurs dizaines de milliards de dollars», et c'est regrettable.
L’entreprise, comme l’explique M. Achir, «intégrait mieux ses produits jusqu'à 80% pour certains, et qui était intransigeante sur le plan qualité et sécurité». L’économiste rappelle sur sa lancée que des «restructurations récurrentes ont été réalisées à l'aide des subventions des pouvoirs publics». Mais le résultat n’a pas suivi. Depuis près de deux décennies, explique M. Achir, l’Eniem «s'est efforcée à retrouver un équilibre à court et moyen terme de son bilan, mais sans y arriver en affichant souvent des résultats précaires malgré son potentiel, ses actifs et son capital expérience dans la filière».
L'effacement de la dette de l’entreprise, enchaîne-t-il, «a coûté au Trésor public environ 1300 milliards de centimes, en plus d'un plan d'investissement évalué également à plusieurs milliards de dinars».

Une joint-venture avec un partenaire privé ou ouverture du capital

Tous ces facteurs contraignants n’exemptent pas l'ENIEM de reproches. A ce sujet, l’universitaire explique la faible compétitivité et l’efficacité dans la maîtrise des coûts et charges. «Le ratio de charges salariales de l’entreprise rapportées au chiffre d'affaires a atteint les 30%. Alors que la performance est entre 5% et 9% dans les entreprises de la même activité», explique-t-il. Aujourd’hui, l’Eniem fait face à la difficulté de trouver une banque pour lui accorder des crédits, rappelant que la BEA avait débloqué 110 milliards de centimes en février dernier. Comment régler les problèmes récurrents de ladite entreprise ? Avec force arguments, l’économiste indique que l'ENIEM «doit réaliser une joint-venture avec un partenaire privé solide ou ouvrir son capital pour pouvoir réaliser son plan de restructuration et d'investissement qui nécessite environ 1000 milliards de centimes».
Une option qui, en plus de l’affranchissement de sa situation financière et managériale, pourra lui permettre de «reconvertir et former ses 180 agents de sécurité afin de les redéployer dans la chaîne de production». Réagissant pour sa part, Omar Berkouk, expert financier, précise que le cas de l’Eniem est une sorte d’arbre qui cache la forêt. «Il ne faut ,,,,pas traiter les dossiers au cas par cas mais faire en sorte que le ministère de l’Industrie fasse un audit des EPE en vue de la détermination d’une stratégie globale qui obligerait l’Etat à définir sa doctrine économique». Quant à Abdelrahmi Bessaha, économiste au FMI, dans un bref commentaire, il soutient que l’enrichissement du débat impose, d’abord, d’«analyser les données financières détaillées pour situer la structure des coûts, l’endettement, le business plan et d’autres variables clés».
Fouad Irnatene

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