
L’Algérie vient de franchir un cap décisif dans sa stratégie de souveraineté alimentaire avec la signature, lundi 28 juillet 2025 à Alger, des contrats portant sur la 1re phase de la réalisation du mégaprojet laitier intégré «Baladna-Algérie». D’une valeur dépassant les 500 millions USD, cette étape marque le lancement opérationnel d’un investissement colossal estimé à 3,5 milliards USD, destiné à faire du Sud algérien un pôle agroindustriel majeur, avec pour épicentre la wilaya d’Adrar.
Fruit d’un partenariat stratégique entre la société qatarie Baladna et le Fonds national d’investissement (FNI), ce projet ambitionne de couvrir 50 % des besoins nationaux en poudre de lait, en produisant localement une denrée stratégique longtemps dépendante des importations. À terme, il vise la mise en valeur de 117.000 hectares, la création de 5.000 emplois directs et le renforcement durable de la sécurité alimentaire nationale. Dans ce cadre, quatorze contrats ont été conclus entre Baladna-Algérie et plusieurs entreprises internationales et nationales spécialisées dans les technologies agricoles, les infrastructures industrielles, les systèmes d’irrigation, le forage, l’ingénierie et les études d’impact environnemental. Parmi les partenaires de référence, la société allemande «GEA Technologies», leader mondial dans les équipements de traite automatisée et les lignes de production laitière, sera chargée de la conception de l’usine de lait en poudre et des fermes bovines, avec une unité de séchage atteignant 40 mètres de hauteur.
Les meilleures entreprises mobilisées
L’ingénierie et l’architecture du projet seront confiées à la société qatarienne «EHAF», tandis que les infrastructures métalliques seront réalisées par UCC - UrbaCon Trading and Contracting. Ainsi, la société UCC - UrbaCon Trading and Contracting - assurera la réalisation de la charpente métallique de l’usine, conformément aux normes de qualité et de sécurité en vigueur. Un contrat a également été conclu avec la société qatarienne «EHAF» de conseil en ingénierie, en vue de l’élaboration des plans architecturaux de l’ensemble des infrastructures du projet.
Les équipements d’irrigation sophistiqués seront fournis par Valmont (États-Unis) et AFKO (Turquie), en tenant compte des spécificités climatiques du Sahara. Le pilotage global et la coordination des travaux des différentes phases sont placés sous la houlette de «DG JONES AND PARTNERS», soutenue par des bureaux d’études, tels que «DANDOUN» et «CINDYRIS», ces derniers sont chargés des études techniques et de la planification de la mise en œuvre. Côté algérien, plusieurs entreprises joueront un rôle structurant. «EFORHYD» mènera les travaux de forage, appuyée par les sociétés «Génie Hydrique» et «Star Filtre», pour l’équipement en tubages pour les forages d’eau.
Les bases de vie des équipes opérationnelles seront respectivement réalisées par «RedMed» et «Condor-Travocovia», avec une attention particulière portée aux conditions de travail et de sécurité. RedMed réalisera la première base de vie, garantissant des conditions de séjour et de travail optimales et sécurisées.
À cet égard, le bureau national d’études pour le développement rural (BNEDER) sera chargé de l’élaboration des études techniques nécessaires au projet.
Le démarrage de la production est prévu dès 2026
La première phase du projet prévoit l’aménagement de 100.000 hectares, l’installation de 700 pivots d’irrigation pour la culture fourragère, la création de deux fermes bovines et la construction de l’une des deux usines de production de lait en poudre prévues. Le démarrage de la production est prévu dès 2026, en parallèle à la constitution du cheptel bovin, à travers l’importation de races sélectionnées selon les standards internationaux en matière de productivité et de résilience climatique. Présent lors de la cérémonie, le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Youcef Cherfa, a salué un projet de transformation qui s’inscrit pleinement dans les objectifs de la campagne labours-semailles 2025-2026, soulignant les efforts consentis par l’État pour la réalisation de la sécurité alimentaire nationale, en levant les contraintes liées au foncier, au forage, au raccordement énergétique et à l’aménagement des infrastructures. Le directeur général de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), Omar Rekkache, , quant à lui, a mis en avant la portée stratégique de cette initiative, qui incarne la nouvelle politique de l’État en matière d’investissement productif, à la faveur des réformes engagées sous l’impulsion du Président Abdelmadjid Tebboune.
Du côté qatari, le président du conseil d’administration de Baladna, Mohamed Moutaz Al-Khayyat, a salué une avancée majeure, symbole d’une coopération Sud-Sud fructueuse et structurée, capable de mobiliser expertises locales et internationales, pour réaliser ce projet selon les normes et dans les délais impartis.
Pour sa part, l’ambassadeur du Qatar en Algérie, Abdulaziz Ali Al-Naama, a réaffirmé l’engagement de son pays à accompagner le projet dans toutes ses étapes, insistant sur sa contribution à la sécurité alimentaire régionale. Il a également salué la dynamique de la coopération algéro-qatari.
La cérémonie de signature, organisée en présence de membres du gouvernement, d’ambassadeurs, de représentants d’entreprises étrangères et algériennes, ainsi que de dirigeants bancaires, consacre une étape cruciale dans la concrétisation d’un projet qui réunit vision économique, ambition industrielle et ancrage territorial. Par son envergure, Baladna-Algérie est appelé à devenir un modèle de transformation agricole, d’intégration logistique et d’innovation productive pour l’ensemble du continent africain.
S. B.