
Les réunions du Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC) de l’OPEP+ évaluent régulièrement la situation du marché pétrolier, et des décisions sont prises à travers un consensus par les pays membres afin de stabiliser les prix du pétrole brut. L’existence de diverses incertitudes, tant du côté de l’offre que de la demande, fait du suivi du marché pétrolier par le JMMC, un véritable processus de veille, visant la stabilisation par l’atténuation de la volatilité des cours. En effet, l’économie mondiale reste toujours sensible aux fluctuations des cours du pétrole brut sur le marché international. À tout moment, une crise énergétique peut se déclencher pour des raisons géopolitiques ou économiques, en liaison avec les conjonctures et les mutations technologiques et environnementales.
En novembre 2022, la décision spectaculaire prise par l’OPEP+ de réduire globalement l’offre de pétrole brut de 2 millions de barils par jour, qui est toujours en vigueur jusqu’à la fin de l’année 2023, a surpris l’ensemble des pays consommateurs qui ne s’attendaient pas à une telle réduction de l’offre de pétrole. Il en est de même de la décision surprise de ces derniers jours des membres de l’OPEP+ de procéder à une réduction volontaire de la production pétrolière, afin d’ajuster l’équilibre du marché. Ce qui a suscité une réaction immédiate qui tira le prix du baril vers le haut, maintenant, ainsi la tendance haussière. Aussi, les anticipations font ressortir une possibilité pour que les cours du pétrole atteignent la barre de 100$ le baril, d’ici la fin du premier semestre de l’année en cours.
La question de la sécurité des approvisionnements reste toujours pendante, en raison de la poursuite du conflit armé russo-ukrainien, qui en est à sa deuxième année et dont les retombées au niveau régional sont énormes. Interrogé sur les perspectives du secteur pétrolier en liaison avec la conjoncture actuelle, l'expert international en économie Abderrahmane Hadef a estimé que «dans un contexte marqué d'incertitudes et de fortes tensions géopolitiques (crise ukrainienne et une éventuelle crise à Taiwan), le marché pétrolier s'annonce tendu pour l'année 2023». Il a souligné qu'«après un léger recul des prix, suite à la crise bancaire aux Etats-Unis (SVB) et en Europe (Crédit Suisse), les prix de l'or noir ont retrouvé une tendance haussière, suite à la décision prise par certains pays de l'OPEP+ de réduire la production de plus de 1,15 million de barils /jour. A cela, «il faut ajouter la diminution des réserves stratégiques des USA (-9 millions de barils à fin mars)», a-t-il expliqué. Selon certaines sources (AIE), un «risque de déséquilibre entre l'offre et la demande se projette d'ici la fin de l'année en cours». Ce qui va «accentuer les tensions sur les prix, surtout qu'il y a une forte probabilité que les principales banques centrales (FED ET BCE) comptent suspendre l'augmentation des taux d'intérêt directeurs. Et ce, pour amorcer une relance de l'activité économique pour le deuxième semestre 2023», a-t-il commenté. Parallèlement, a-t-il ajouté, il faut aussi suivre «l'évolution de la reprise de l'activité économique en Chine, suite à la suspension de la politique de restriction zéro Covid-19 depuis le début de l'année». Ce qui va entraîner une «nouvelle demande sur les produits énergétiques, compte tenu que la Chine reste le premier importateur du pétrole au monde», a-t-il détaillé. Toujours dans le même contexte, et en réponse à la question de savoir comment évolue le cours du pétrole, cet économiste a estimé que «tous ces éléments donnent des prix extrêmement volatiles, avec de fortes possibilités d'un renchérissement pour s'approcher de la barre des 100 dollars US pour le baril de Brent», a-t-il précisé. Pour rappel, l'Algérie envisage de réduire, à partir du mois de mai prochain, son quota de production de pétrole de 48.000 barils/jour.
Samia Boulahlib