Village où a été tirée la proclamation du 1er Novembre 1954 : Ighil Imoula et la ronéo de la Révolution

La date du déclenchement de la glorieuse Révolution algérienne a été choisie par une poignée de militants nationalistes, convaincus que seule la lutte armée pouvait aboutir à la libération du peuple algérien de la colonisation française qui aura duré 132 longues années. Parmi elle, un vaillant militant indépendantiste, à peine 21 ans, né dans un village perché sur une colline faisant face au fier Djurdjura, dont la résistance s’est aussi conjuguée au féminin, par l’épopée héroïque deLalla Fatma N’soumer. Cet homme est le défunt moudjahid Ali Zamoum, natif deIghilImoula, dont le nom est intimement lié à la proclamation du 1er Novembre 1954, premier document diffusé par les militants nationalistes pour informer l’opinion nationale et internationale du début de la lutte armée du peuple algérien pour son autodétermination. Ali Zamoum joua un des rôles des plus prépondérants dans le déclenchement de cette guerre de libération, témoignent tous les moudjahidine qui étaient pionniers depuis la nuit du début de cette révolution.
En effet, le jeune militant Ali Zamoum  se voyait confier, par Krim Belkacem, la délicate et secrète tâche de taper à la ronéo et dupliquer en de milliers d’exemplaires, la déclaration du 1er Novembre 54, qui était rédigée à la « main » par Mohamed Boudiaf et Didouche Mourad, selon un témoignage de l’ancien officier de l’ALN et actuel président de l’association Tagrawla (Révolution), Si Ouali Ait Ahmed, lors d’un hommage rendu mercredi dernier par l’association «Tagmats Ali Zamoum»  à Dda Ali et son ami fidèle et emblématique écrivain, Kateb Yacine.Issu d’une famille de militants nationalistes et d’un village connu pour avoir été le fief des héros de la résistance populaire contre la colonisation, dont le lieutenant de Lalla Fatma N’soumer, Boubeghla, Ali Zamoum fut un des sept adjoints de Krim Belkacem, alors chef de la zone une (Kabylie), a encore révélé l’ancien officier de l’ALN affecté au PC de la wilaya III Historique, pour expliquer le prépondérant rôle qu’avait joué le militant nationaliste dans la préparation du 1er Novembre 1954.«Ce rôle qu’il a joué sera encore plus important lorsqu’il recevait le manuscrit de la proclamation du 1er Novembre 1954 avec comme mission de la ronéotyper et de la dupliquer en milliers d’exemplaires», a également rappelé le président de l’association «Tagrawla», non sans mettre en exergue la ferme instruction de KrimBelkacem de «ne rien changer au manuscrit original». «Vous le transcriviez tel quel. Ne changez rien et n’ajoutez même pas une virgule», avez intimé KrimBelkacem à l’émissaire dépêché pour lui signaler que les rédacteurs à la main de cette déclaration avaient écrit «décade» au lieu de «décennie».L’honnêteté, l’intégrité et le respect de l’engagement imprégnaient les pionniers de la révolution de Novembre 1954, dont Ali Zamoum fut un des chefs d’orchestre. Selon N’na Ouiza, sa veuve âgée aujourd’hui de 82 ans, c’est à l’âge de 14 ans qu’Ali Zamoum a commencé à militer.
«Il abhorrait l’injustice que nous faisait subir l’administration coloniale», nous a-t-elle confié lors de cet hommage rendu. A quelques semaines du 1er Novembre 1954, Ali Zamoum, se souvient-elle, se rendait chaque vendredi à la Pointe-Pescade d’Alger où il rencontrait d’autres militants nationalistes qui préparaient le déclenchement de la guerre de libération nationale.
«Il était souvent en mission secrète. Et je ne savais rien de l’objet de ces missions et contacts avec les militants nationalistes jusqu’au déclenchement de la guerre de libération», a encore témoigné la vaillante compagne de Dda Ali, dont la vie entière est dédiée à la libération de l’Algérie du colonialisme et pour l’émancipation de son peuple, de sa culture et de la vulgarisation de l’humanisme et de l’amour de la patrie après l’indépendance, au lendemain de laquelle il a été désigné premier préfet (wali) de Tizi-Ouzou avant qu’il ne soit nommé cadre au ministère du travail jusqu’à la retraite. Authentique maquisard et militant résolument engagé, en compagnie d’autres militants, particulièrement l’auteur de «Nedjma» et «la guerre de 2000 ans», Kateb Yacine, et le mythique peintre M’hamed Issiakhem, pour une Algérie plurielle, démocratique et sociale, Ali Zamoum a tiré sa révérence le mois d’août 2004 à l’âge de 72 ans, laissant derrière lui une vie riche en enseignements que tente vaille que vaille de perpétuer l’association qu’il avait lui-même fondée «Tagmats afus g fus», rebaptisée depuis sa mort «Tagmats Ali Zamoum», en hommage à toutes les actions caritatives et humanitaires qu’il avait entreprises de son vivant en direction des personnes dans le besoin. Ali Zamoum était «une étoile qui a surgi d’Ighil Imoula», comme l’a qualifié un de ses compagnons de la wilaya de Saida. Cette étoile étincelante continuera inéluctablement de briller sur toute l’Algérie qui a, aujourd’hui, tant besoin des hommes et de femmes de sa trempe pour consolider la souveraineté nationale et l’unité de son peuple.
Bel. Adrar

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