
La réforme du secteur agricole doit viser, non pas uniquement l'autosuffisance, mais aussi la sécurité alimentaire et la diversification de la production locale.
«Le défi de l'autosuffisance ne saura être relevé que par la réflexion, au préalable, sur une réforme structurelle de la politique agricole», explique Charif Tekouk, ingénieur en agronomie, à l'université de Mostaganem pour qui «la gestion du secteur a montré ses limites», en atteste «la marge de bénéfices instables pour les agriculteurs et les résultats dérisoires dans plusieurs filières, en dépit des efforts des autorités et des budgets alloués».
Le chercheur souligne ce qu'il qualifie «d'asymétrie» entre «une productivité peu organisée», qui «même si elle garantit l'approvisionnement des marchés en produits de large consommation a, en parallèle, fait émerger des paysans appauvris et des agriculteurs au seuil de la faillite».
S'appuyant sur les chiffres de la filière pomme de terre de 2020, le chercheur explique que «l'abondance de la production a impacté certains acteurs dans plusieurs wilayas, à cause des défaillances des mesures de distribution et de stockage».
La preuve en est «la fluctuation des prix de la pomme de terre dans les marchés». L’agronome indique ,dans ce contexte, que la limitation des importations de semence aux seuls besoins du programme de multiplication pour les variétés protégées est à revoir». Précisant que la sécurité alimentaire est assurée quand toutes les personnes ont économiquement, socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires, pour leur permettre de mener une vie active et saine, le chercheur dira qu'une politique agricole solide doit s'appuyer sur «la gestion par les compétences des chercheurs scientifiques et ne se limite pas à la prise de décisions administratives».
«La prise en considération de l'importance des statistiques dans l'adoption de stratégies de développement agricole constitue la boussole pour rectifier la marche. Aucune politique de gestion ne pourra être engagée ni avoir des résultats sans procéder à des réajustements, des réformes et des évaluations périodiques».
Au vu de son poids socioéconomique et des potentialités qu’elle recèle aussi bien en terme» de production que de substitution aux importations, l'expert affirme qu'il est important de réfléchir «à la promotion des produits de terroir et à l'agriculture bio qui pourrait constituer une alternative pour aller à la conquête des marchés étrangers». S'ajoute à cela «la création de zones d'agriculture industrielle, agro-alimentaires et de transformation, en parallèle à la promotion des coopératives».
«Le dialogue avec les acteurs de terrain et spécialistes sera le meilleur canal pour mettre en œuvre une stratégie de développement avec objectifs spécifiques à réaliser».
Tahar Kaidi