
De notre correspondant Fouad Daoud
Quand on se rend dans la commune de Zemmoura qui se trouve à 30 kilomètres au nord de Bordj Bou-Arréridj, nous devons prendre de la hauteur, comme si on escaladait un mur.
Le relief difficile de la région fait que la route déjà sinueuse semble creusée dans la montagne. A mesure que l’on se rapproche de la localité, l’entreprise est de plus en plus difficile.
Il faut donner de la puissance à la voiture pour pouvoir assurer une conduite normale sur un niveau des plus élevés. Il faut aussi faire attention à la route puisque celui qui vient en face n’est pas plus à l’aise à cause de la descente qui est tout aussi périlleuse.
Mais le spectacle vaut le déplacement, même s’il faut être vigilant du fait de cette difficulté. C’est une traversée des montagnes qui s’offre aux visiteurs de la localité. Sur place, c’est un autre choc qui attend ce visiteur. Une architecture originale l’accueille, une caractéristique typique de la construction est l’espacement entre les maisons.
Mais à mesure qu’on avance dans la localité, cette caractéristique disparaît, particulièrement au centre. Les maisons sont collées les unes aux autres.
Même les routes intérieures sont étroites. Les anciens de la localité semblent avoir choisi de se concentrer sur un seul endroit. Ce n’est pas la seule remarque. Ces rues sont pavées de pierre.
Contrairement à beaucoup de villages de la région connus pour le mauvais état de leurs routes intérieures constituées en général de pistes, celles de Zemmoura sont aménagées.
Même en hiver les passages entre les maisons sont propres. Ce qui renseigne de l’avancée civilisationnelle atteinte par la localité.
Le village est actuellement le chef-lieu de daïra
Habité par des Turcs, il est connu pour son histoire mais aussi pour ses vestiges dont l’école appelée affectueusement par les résidants de Zemmoura « El Coulidge » qui est une déformation de collège. Cette école est, notons-le, la plus ancienne de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj.
La localité qui comporte également beaucoup de mosquées comme toutes celles qui ont abrité d’anciennes zaouïas, dispose surtout, fait curieux, de plusieurs cimetières, sept au total.
Il suffit de faire quelques centaines de mètres pour se retrouver devant l’entrée d’une structure du même genre. Cette situation est inhabituelle. Même la capitale qui est habitée par des millions de personnes n’en compte pas autant.
Cette situation n’est pas nouvelle au demeurant puisque ces cimetières ne datent pas d’hier.
A-t-elle été provoquée par la différence de rites, notamment pour la manière d’enterrer les morts ? Non assure un habitant qui rappelle également le nombre élevé de mosquées.
En fait chaque quartier tenait à enterrer ses morts dans un lieu proche. Comme le relief rendait difficile le déplacement, les distances semblaient lointaines, ajoute notre interlocuteur qui note que chaque disparu avait droit à la prière de l’Absent dans la mosquée du quartier avant d’être mis en terre.
Décidément Zemmoura n’a pas fini de nous étonner.
F. D.