With Hasan in Gaza : Kamal Aljafari marque la compétition

Trois courts-métrages de fiction et un documentaire étaient en compétition, lundi après-midi, à la salle Beta Cosmos dans le cadre du Festival International du Film d’Alger. Le public a découvert des œuvres venues d’Espagne, d’Algérie, de Palestine, chacune apportant une vision singulière. Après chaque projection, des débats ouverts ont permis d’enrichir la rencontre entre spectateurs et réalisateurs.

Le premier film présenté, «La Perdida», signé Raúl Monge, a intrigué par son atmosphère mystérieuse. L’Algérie était représentée par «The Black Panthers of Algeria : a story of struggle in the land of Revolutions» (Les Black Panthers d’Algérie : une histoire de lutte dans le pays des révolutions) de Mohamed Amine Benloulou. En 27 minutes, ce film explore l’influence de la Révolution algérienne sur le mouvement afro-américain de libération et retrace le rôle central d’Alger dans les luttes pour la libération des peuples.

Le public a ensuite découvert «I'm glad you're dead now» (Je suis content que tu sois mort maintenant), un court-métrage de 13 minutes réalisé par Tawfeek Barhom. Le film suit deux frères qui reviennent sur leur île d’enfance après des années de séparation, confrontés à des secrets et des blessures du passé. La séance a atteint son moment le plus marquant avec «With Hasan in Gaza» (Avec Hasan à Gaza), documentaire de 106 minutes de Kamal Aljafari. Ce film, plus long et plus dense que les autres productions en compétition, s’est imposé comme le cœur émotionnel de l’après-midi. À partir de trois cassettes MiniDV tournées à Gaza en 2001, redécouvertes des années plus tard, Aljafari entame une véritable enquête mémorielle. Ces images, fragiles mais d’une force brute exceptionnelle, capturent un quotidien disparu, des rues, des visages et une façon d’habiter la ville avant les destructions massives. Le réalisateur remonte ainsi les traces d’un ancien compagnon de cellule et recompose, pas à pas, le parcours d’Hasan, guide local dont on ignore aujourd’hui le sort.

Le documentaire oscille entre quête personnelle, réflexion politique et exploration poétique de la mémoire palestinienne. Sa mise en scène, à la fois contemplative et profondément humaine, a retenu l’attention du public, qui a longuement échangé avec Aljafari après la projection. Sélectionné en compétition internationale au Festival de Locarno, ce film confirme la singularité du regard du cinéaste, capable de transformer des fragments d’archives en récit universel sur l’absence, la disparition et la persistance de la mémoire.

Entre fictions intimes et récits historiques, cette programmation a offert un panorama dense et engagé, confirmant la vitalité du cinéma contemporain et la place essentielle du festival comme espace de réflexion et de dialogue autour du septième art.

M. K.

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