
Cela fait déjà six ans que la romancière et cinéaste algérienne, Assia Djebar, nous a quittés.
Figure emblématique de la littérature algérienne et maghrébine d'expression française, Assia Djebar nous a quittés le 6 février 2015 à l'âge de 78 ans à la suite d'une longue maladie. Ses œuvres ainsi que son militantisme ont accompagné et accompagneront toutes les générations. A travers cette modeste commémoration, El Moudjahid revient sur son parcours, ses œuvres et sa place auprès des lecteurs.
De son vrai nom Fatima Zahra Imalyène, elle est née en 1936 à Cherchell. Fille d'un instituteur qui avait choisi de lui faire suivre des études en français. Élève brillante, elle avait intégré, en 1955, l'Ecole normale supérieure de Sèvres. Elle était la première Algérienne et Maghrébine à avoir intégré cette école. Deux ans plus tard, elle publiait son premier roman «La Soif», premier jalon remarqué —elle est alors comparée à Sagan par certains critiques— d'une bibliographie marquée aussi par «Les Enfants du nouveau monde» (1962), «Les Alouettes naïves» (1967), «Femmes d'Alger dans leur appartement» (1980) ou encore «L'Amour, la fantasia» (1987), et plus tard «La Femme sans sépulture» (2002) et «Nulle part dans la maison de mon père» (2007). Elle était une femme de caractère et de position qui a vraiment laissé un vide que beaucoup ressentent encore jusqu'à l'heure actuelle. La qualité de ses œuvres s'explique par un style littéraire limpide qui ferait le bonheur de tous ses lecteurs. Elle a même été élue membre de l'Académie française en 2005.
Demeurant toujours de plus en plus attachée au thème féministe qu'elle développait, via la forme romanesque, en puisant de sa propre existence, de l'expérience aussi de sa mère et de celle des femmes des générations antérieures.
Ce brillant et illustre parcours devient aujourd'hui une force pour toutes les femmes.
Abordant aussi l'histoire de l'Algérie, de la conquête française au XIXe siècle aux violences des années 1990, passant par la décolonisation. Écrivaine autant qu'intellectuelle engagée, Assia Djebar a été, par ailleurs, professeure d'université (en Algérie, puis aux États-Unis), auteure pour le théâtre et cinéaste : «La Nouba des femmes du Mont Chenoua» (1978) et «La Zerda ou les chants de l'oubli» (1982). Ainsi et dans le monde entier, ses œuvres sont étudiées comme des exemples de la littérature algérienne.
Kafia Aït Allouache
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Principales œuvres littéraires
Les œuvres d'Assia Djebar ont été traduites en 21 langues.
«Nulle part dans la maison de mon père», Éd. Fayard, Paris, 2007, 407 p. (roman)
«La Disparition de la langue française», Éd. Albin Michel, Paris, 2003, 306 p. (roman)
«La Femme sans sépulture», Éd. Albin Michel, Paris, 2002, 219 p. (roman)
«Ces voix qui m'assiègent... en marge de ma francophonie», Éd. Presses de l'Université de Montréal, «Montréal, 1999», 272 p. / Éd. Albin Michel, Paris, 1999, 272 p. (essai)
«Les Nuits de Strasbourg», roman, Actes Sud, 1997, 408 p. (roman)
«Oran, langue morte», Éd. Actes Sud, Paris, 1997, 380 p. (nouvelles)
«Le Blanc de l'Algérie», Éd. Albin Michel, Paris, 1996, 250 p. (récit)
«Vaste est la prison», Éd. Albin Michel, Paris, 1995, 351 p. (roman)
«Loin de Médine», Éd. Albin Michel, Paris, 1991, 314 p. (roman)
«Ombre sultane», roman, J.-C. Lattès, 1987 (roman)
«L'Amour, la fantasia», roman, J. C. Lattès/Enal, 1985 (roman)
«Femmes d'Alger dans leur appartement», nouvelles (1980)
«Rouge l'aube», théâtre (1969)
«Poèmes pour l'Algérie heureuse», poésie (1969)
«Les Alouettes naïves», Éd. Julliard, Paris, 1967 (roman)
«Les Enfants du Nouveau Monde», Éd. Julliard, Paris, 1962 (roman)
«Les Impatients», Éd. Julliard, Paris, 1958 (roman)
«La Soif», Éd. Julliard, Paris, 1957 (roman).