Projections de trois courts-métrages au 12e AIFF : quand le cinéma ravive les mémoires

Ph : A. Asselah
Ph : A. Asselah

Un public nombreux, mêlant cinéphiles passionnés, étudiants et professionnels, s’est rassemblé samedi après-midi à la salle Cosmos Beta de l’office Riad El Feth à Alger pour une projection très attendue dans le cadre du 12e AIFF. Curieux de découvrir les courts-métrages en compétition, les spectateurs ont été invités à un voyage à travers trois œuvres qui, chacune à sa manière, questionnent la mémoire, l’héritage et la façon dont les sociétés construisent leurs récits. Après chaque projection, un débat ouvert a permis aux spectateurs de partager leurs impressions, de dialoguer avec les réalisateurs présents et d’explorer les différentes lectures possibles des films.

Le premier court-métrage «Nygil, Ce que la Terre a vu», de Mourad Hemla, a plongé la salle dans une science-fiction méditative. Après l’extinction de l’humanité, une nouvelle civilisation industrielle consciente tente de comprendre les traces laissées par l’homme. Inspiré d’une divinité amazighe oubliée, le film interroge ce que la terre choisit de retenir, ce qu’elle efface et ce qu’elle transmet, offrant un questionnement philosophique sur la relation entre créateur et créature. Le public a salué son esthétique singulière et son audace conceptuelle, soulignant la force de son imaginaire visuel.

Le deuxième film «Boualem a tout entendu», d’Aziz Boukerouni et Khaled Bounab, a dédié une mémoire plus intime et profondément enracinée : celle de Boualem Boukhofane, figure emblématique de la Cinémathèque d’Alger. À travers son parcours, les réalisateurs retracent les différentes étapes de l’histoire du cinéma national. Le débat qui a suivi a suscité une vive émotion, beaucoup de spectateurs évoquant leurs propres souvenirs liés à la Cinémathèque et soulignant l’importance de préserver ces espaces qui ont façonné des générations de cinéphiles.

La séance s’est poursuivie avec «Aucun homme n’est né pour être piétiné» de Narimane Baba Aïssa et Lucas Roxo, un documentaire tourné dans le sertão brésilien. Le film revisite l’héritage du célèbre bandit d’honneur Lampião mort en 1938, dont la mémoire continue d’inspirer. À travers une narration visuelle et sonore immersive, le documentaire dévoile une lutte collective contre la résurgence des idées fascistes. Le débat a mis en lumière la portée universelle du film, plusieurs spectateurs établissant des parallèles entre les mémoires populaires brésiliennes et d’autres luttes dans le monde.

M. K.

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