
La cinéaste française Viviane Candas a présenté mercredi soir, au palais de la culture Moufdi Zakaria son dernier documentaire Marseille'S. Projeté dans le cadre du focus « Cinéma, mémoire et résistance » du 11e FICA, elle propose une immersion aux origines de la discrimination et du racisme et témoigne sur les actuels concepts de l'identité et de l'intégration dans une démarche intergénérationnelle à Marseille, ville historique où un tiers de sa population est issue de l'immigration.
Avec des haltes de rappels d'importants pans historiques de l'Algérie et de la France, le récit et Viviane Candas est édifiant et sa narration chronologique élucide progressivement la complexité des thématiques traitées dans le film. Elle évoque la montée en puissance du Front national (FN) et ses périls sur le rassemblement et la tolérance à travers les agressions racistes et l'attentat contre l'ambassade d'Algérie à Marseille en 1973 ou encore la marche des beurs en 1983. La cinéaste reprend des rushes de ce qu'elle avait filmé en 1986 avec Fatima Hagoug Bendeddouche et ses quatre enfants pour témoigner de la condition des immigrés en France.
Le film oppose le combat de Fatima aux paroles des militants du FN, très liés autrefois aux anciens membres de l'organisation secrète (OS). Elle donne également la parole aux enfants de Fatima, Noureddine, Abderrahim et Sid-Ahmed, deuxième génération issue de l'immigration née en France. La cineaste revient à Marseille en 2018 pour rencontrer à nouveau les enfants de Fatima qui se confient sur leur situation socio-professionnelles, la place de l'Islam dans leur vie et leur quete d'identité dans une athmospéhere de montée en puissance de l'extreme droite. Le film relève les dangers de xénophobie, de division et d'exclusion que la loi du séparatisme prétend régler. Romancière, actrice et réalisatrice de plusieurs films dont Algérie du possible, un film sur son père Yves Mathieu, avocat du FLN et militant anticolonialiste, Viviane Candas explore à travers MarseilleS, les ambitions et paradoxes de cette ville pluriculturelle et propose d'autres approches sur l'identité, la culture, la citoyenneté, l'Islam, la montée en puissance de l'extrême droite et le vivre ensemble dans la cité phocéenne. Sa première diffusion mondiale est prévue en 2023 sur la chaine Mémoire de la télévision algérienne.
Kader Bentounes