Le Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi s’est transformé, jeudi soir, en un écrin de sobriété lumineuse pour accueillir la 12ᵉ édition du festival international du film d’Alger (AIFF), dont le coup d'envoi a été donné jeudi soir par la ministre de la Culture et des Arts, Malika Bendouda. Loin du clinquant attendu des grandes manifestations, la cérémonie s’est ouverte dans une atmosphère volontairement dépouillée, où la musique, la mémoire et le cinéma tenaient de nouveau le premier rôle.
Présents à cette cérémonie, aux côtés de la ministre de la Culture et des Arts, le commissaire du festival, Mehdi Benaïssa, le conseiller du président de la République, Kamel Sidi Saïd, chargé de la Direction générale de la communication, le chargé de mission à la présidence de la République Fayçal Métaoui, l’ambassadeur de Cuba en Algérie, Héctor Igarza Cabrera, ainsi que des représentants diplomatiques, des noms de la scène artistique et culturelle algérienne. Dans son allocution, Malika Bendouda a rappelé le rôle central du cinéma dans l’histoire et la culture nationales : « La scène cinématographique algérienne n’a jamais été silencieuse, même lorsqu’elle était muette. Quand le cinéma était muet, il n’était pas silencieux. Il a accompagné les luttes, les transformations sociales et politiques, les victoires et les espérances du peuple algérien. Il a franchi les frontières, affronté les guerres, traversé les générations et les technologies, et demeure un miroir de nos idées et de nos valeurs. Les films d’aujourd’hui sont la mémoire de demain et l’histoire du futur. Il est de notre devoir de raconter nos histoires avant qu’elles ne deviennent celles des autres.» La ministre a également mis en lumière les liens historiques et artistiques avec Cuba : «Le cinéma cubain, symbole de résistance et de créativité, illustre parfaitement comment l’art peut devenir un instrument de prise de conscience et d’affirmation identitaire.»
L’Algérie et Cuba, poursuit-elle, «partagent une histoire de solidarité et de dignité, et ce festival célèbre ces liens à travers la projection d’œuvres profondes et universelles». Le commissaire du festival, Mehdi Benaïssa, a poursuivi cette idée en soulignant le rôle du cinéma comme témoin de l’histoire et moteur de réflexion, «les films confrontent chacun de nous à nos idées et nos valeurs. Ils sont la mémoire de demain, l’histoire du futur». «Aujourd’hui, nous récoltons les fruits de décennies de créativité et nous visons des niveaux encore plus élevés de production cinématographique.» Il conclut son discours par un vibrant «Viva Cuba, Free Palestine».
L’ambassadeur de Cuba, Héctor Igarza Cabrera, a, quant à lui, souligné les liens profonds entre les deux nations : «le cinéma est un pont entre les sociétés et les générations. À Cuba, il a été un instrument de créativité, de résistance culturelle et de conscience citoyenne. Aujourd’hui, nous invitons le public algérien à découvrir des histoires qui résonnent avec l’expérience humaine universelle et à renforcer la coopération cinématographique entre nos pays», a-t-il déclaré. Le festival a ouvert ses portes avec un événement exceptionnel : la projection restaurée de «Les Plongeurs du désert», œuvre fondatrice du cinéma algérien réalisée en 1952 par Tahar Hannache, considérée comme la plus ancienne fiction conservée dans notre histoire filmique. La restauration, menée par Nabil Djedouani en collaboration avec Thouraya Benelhannache, fille du réalisateur, la Cinémathèque de Saint-Étienne et l’association Jocelyne Saâb, a permis de redonner vie à une copie 16 mm abîmée, effacée par le temps et les marques du sable et de l’histoire.
La projection s’est accompagnée d’un ciné-concert magistral, dirigé par le maestro Khalil Baba Ahmed, interprétant en direct la musique originale composée par Mohamed Iguerbouchen, octroyant aux présents un moment à la fois historique et émotionnel, où images et sons se sont fondus pour raconter l’Algérie du désert, ses hommes, ses métiers et sa mémoire.
La soirée a également été marquée par des hommages aux figures du cinéma et de la culture algérienne et internationale, notamment Salah Aougrout, Lizette Vila, le regretté Hadj Smaïne Mohamed Seghir, ainsi qu’aux disparus de l’année : Beyouna, Allal Yahiaoui, Faouzi Saïchi, Hamza Feghouli, Madani Naâmoun, Mohamed Lakhdar Hamina, Noureddine Benamar, Sid Ali Fettar et Warda Amel.
S. O.