Dans une société en pleine transformation et développement, où les influences linguistiques se diversifient, les défis contemporains se multiplient et les pratiques culturelles se renouvellent, notamment sous l’effet des réseaux sociaux, la question de la place de la langue arabe revient avec force dans le débat public. C’est dans ce contexte que l’écrivaine Ouarda Benkelloua, originaire de la wilaya de Mostaganem, apporte, à travers des propos accordés à El Moudjahid, un éclairage nourri sur le rôle et la place de la langue arabe, basé sur son expérience personnelle et professionnelle.
Âgée d’une quarantaine d’années, titulaire d’un master en droit de l’université Abdelhamid-Ibn Badis de Mostaganem et employée à la direction des moudjahidine de Mostaganem, elle porte un regard engagé sur le rôle et la valeur de l’arabe dans la société. Pour l’autrice, cette langue occupe une place essentielle et centrale dans la société locale, tant sur le plan culturel que social et éducatif. Elle rappelle d’abord que l’arabe demeure avant tout la langue maternelle, et, surtout, «la langue du Coran, ce qui suffit à en faire une fierté». Selon elle, cette langue exceptionnelle dépasse largement son rôle de simple outil de communication. «Elle est symbole d’identité nationale et de l’appartenance à la noble religion musulmane», souligne-t-elle. Elle insiste sur son rôle central dans la préservation du patrimoine culturel et historique, mais aussi dans la cohésion sociale, reliant les générations entre elles et contribuant à renforcer les liens sociaux. L’écrivaine souligne ainsi l’importance de cette langue dans la transmission du savoir entre générations, la décrivant comme un pont entre le passé et le présent. «Elle permet de relier la jeunesse à ses ancêtres et aux réalisations des savants arabes», affirme-t-elle, citant notamment des figures majeures, telles que Al-Khawarizmi dans le domaine des mathématiques ou Ibn Sina en médecine. «Des pionniers du savoir et de la connaissance, dont l’œuvre continue d’inspirer», déclare-t-elle.
Interrogée sur l’intérêt des jeunes pour la langue arabe à Mostaganem, Ouarda Benkelloua observe une dynamique positive, portée notamment par des initiatives locales. Elle évoque les activités culturelles organisées par la bibliothèque principale de lecture publique, dont le «Forum du livre» qui attire un public de passionnés. Mais elle estime que ces efforts, bien que louables, «demeurent encore insuffisants».
Selon elle, l’absence de l’université dans ce type d’espaces culturels crée un vide qu’il faudrait combler. Elle appelle à «intensifier les rencontres littéraires et à renforcer les liens entre les institutions culturelles et le milieu universitaire».
Y. H.