
En cette année de célébration du 67e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne, nous avons relu pour vous l’un des livres témoignages les plus approfondis en matière de faits d’armes et surtout en matière de documents authentiques autour de la création des réseaux radio pendant la guerre d’Algérie.
Le moudjahid Mohamed Debbah est connu pour son combat indéfectible pendant la Révolution et aussi après l’Indépendance. A ce jour, il contribue et participe à l’écriture de l’Histoire dans des colloques, conférences et débats. Son livre «On nous appelait les réseaux radio rebelles» reste une référence dans la littérature de la Guerre d’Algérie. Officier de l’ALN et membre actif de l’An-Malg, Si Mohamed est intarissable en matière de dates, de personnalités, de hauts faits d’armes… et bien plus encore.
A la sortie de son livre, présenté dans les deux langues (arabe et français), le commandant de la Base Didouche Mourad, Hassani Abdelkrim dit Si Ghaouti, qui a bien connu Debbah, tint à préfacer cette œuvre. Il écrira en substance : «Ayant connu le jeune Debbah au cours des années 57, et ayant suivi son parcours au sein des réseaux de transmissions de l'ALN en tant que responsable hiérarchique, j'ai eu le plaisir de lire ses témoignages. J'apprécie hautement cette contribution à l'écriture de l'histoire.» «Il a eu le mérite d'écrire, de témoigner, de signer ; et enfin de nous faire vivre des moments pathétiques de notre jeunesse, comme ils ont su raviver en nous cette flamme qui nous a plongés dans le rêve de la gloire et que, hélas, les contingences du présent semblent avoir atténuées. A cette occasion, j'en appelle à la conscience de ceux du corps des Transmissions, et d'une façon générale à ceux des autres services qui ont vécu la même épopée, d'apporter leur contribution à l'élargissement de ces témoignages, soit par le rappel de souvenirs qu'ils ont vécus, soit par des témoignages à l'instar de ceux qui ont été rapportés par la presse.»
Après avoir insisté sur l'ouverture d'un débat d'informations et d'idées nécessaires au rétablissement de la vérité historique, il ajoutera : «Ce qui m'incite principalement à intervenir à propos
du témoignage de Debbah, c'est la ferveur avec laquelle il s'est mis à l'ouvrage. Le poids de l'âge, de même que l'enthousiasme qui, à l'âge de 17 ou 18 ans, l'ont poussé et conduit avec tant d'autres au combat et les ont engagés à rejoindre les rangs de l'ALN, et là, il devait donner le meilleur de lui-même, à savoir l'offre du sacrifice de sa vie et l'usage de ses capacités intellectuelles, car la création d'un réseau algérien face à la grande toile d'araignée mise en place par l'armée française en vue d'étouffer l'ALN fut un véritable défi pour une armée populaire de résistants.» Il décrit aussi les origines de la création de l'ensemble des services spécialisés, tels que l'écoute, le renseignement, le contre-renseignement... et reviendra sur l’auteur et ses compagnons d’armes : «Bien heureux que des opérateurs, tels que Debbah, aient pu s'adapter à leur rôle tel qu'il leur était défini par l'état-major, rendre d'éminents services à l'ALN et sortir indemnes. De sacrés increvables, les Debbah, les Rougets, les Suisses, les Huittas, les Timichant, les Moustaches et tant d'autres héros de l'ombre que le sort a épargnés et qui sont là à présent pour nous rappeler les souvenirs d'antan.»
«A la lecture du récit que Debbah a publié, et qui est un témoignage personnel, il me plaît de répondre à ces détracteurs, que j'ai reconnus à travers ce livre, la légende des pionniers des Transmissions que j'ai appelés dans mon ouvrage ‘’Gérilla sans visage, les héros de l'ombre’’.» «Que leur travail, leur dévouement à la patrie, leur sacrifice aient donné naissance à d'autres structures qui continuent à servir le pays, cela démontre amplement que leur action initiale au cours de la guerre de Libération n'était pas sans lendemain. Mais de grâce, ne les confondons pas, par un amalgame de mauvais aloi, à des agents appartenant à tel ou tel clan. Tels que je les ai connus, ils n'ont jamais été des mercenaires ni des serviteurs serviles, mais d'authentiques combattants de l'Armée de Libération Nationale, qui ont eu le double mérite de porter le fusil et le poste radio.»
Ce livre très didactique est agrémenté de documents écrits et iconographique d’une très grande valeur historique. Les générations futures et les historiens trouveront là matière à enrichir leur savoir et surtout à comprendre le suprême sacrifice des braves de cette nation libérée par le sang.
Kamel Morsli