Note de lecture, Mises au point, d’Amar Belkhodja, édition Hibr, 2020 : Ni donneur de leçons ni contempteur

Dans cette compilation de textes et d’études inédits, où l’éclectisme tient une large place, Amar Belkhodja apporte des démentis aux mensonges, à la désinformation, telle l’image scandaleuse d’un De Gaulle pourvoyeur d’indépendance au mépris des grands sacrifices du peuple algérien et à son avant-garde.
Il y a dans ce livre un aspect qui frise le pamphlet, pour cause de malhonnêtetés intellectuelles provoquées par des bandes de malfaiteurs littéraires, des flibustiers de la falsification, des esprits tendancieux, aigris qui occupent la scène culturelle, politique ou littéraire.
Ces mises au point proposées aux lecteurs sont la vive réaction d’un écrivain outré, une somme de répliques incisives contre bon nombre de sujets qui tiennent à cœur à l’écrivain.
L’éventail est assez dense, fertile en informations, convenablement documenté. On décèle une envie de remettre les pendules à l’heure, à coups d’articles de presse, sans que l’auteur ne s’érige en donneur de leçons.
Un fil conducteur inspire sa démarche : l’essentiel, écrit-il, c’est d’être en permanence aux côtés des opprimés, de la justice, de la vérité.
Traquer le mensonge, les allégeances pour une question de notoriété indue, comme par exemple faire accroire qu’un «régime de la domination serait un jour capable d’œuvrer pour un rapprochement entre les différentes communautés peuplant l’Algérie», prôné par Yasmina Khadra.
Il fustige des pseudos intellectuels qui utilisent la plume pour discréditer les artisans et acteurs de la révolution algérienne. En cela, Boualem Sansal est qualifié de théoricien de la bêtise humaine.
Dans la foulée, il démystifie Albert Camus, reproche de manière forte à Tahar Ouettar un comportement qu’il juge insane envers Tahar Djaout et Kateb Yacine.

Gourous omnipotents et guides «infaillibles»

Il se dresse contre l’obscurantisme religieux, critique vertement une religiosité qui frise l’overdose.
Le propre d’une secte c’est d’idolâtrer le maître à penser, le gourou, le «Mahdi el mountadher», nanti d’un pouvoir omniscient. L’islam politique a rendu de très mauvais services à l’islam, affirme-t-il.
Amar Belkhodja s’insurge contre les détracteurs d’Abane Ramdane, l’homme de la Soummam, ayant attenté à sa mémoire, à l’un des grands symboles du prestigieux combat de novembre.
Il affiche sans fard ni louvoiement sa préférence pour le bilinguisme. «On nous aurait épargné les affrontements stupides et stériles entre arabophones purs et durs qui s’autoproclamèrent détenteurs des valeurs authentiques et des francophones traqués comme une proie sans défense, face à ce dilemme qui leur aurait imposé un jour de porter «l’étoile jaune» soit de recourir au suicide culturel vers lequel fut poussé Malek Hadad.»
Il serait par voie de conséquence tragique de jeter dans l’oubli des auteurs connus pour leur sentiment patriotique irréprochable et dont l’œuvre jouit dune valeur incontestable, note-t-il en page 188.
L’auteur pose un regard amer sur la vie politique algérienne.
«Je suis comme Diogène qui se promenait dans les rues d’Athènes en plein jour, une bougie à la main : je cherche un homme, répondait-il à tous ceux qui le questionnaient sur cette curieuse quête. Moi, je cherche un Algérien.» Page 192.
Utilisant un style clair, sans ambages, ni circonlocutions, l’auteur expose ses convictions, ce qui doit être utile à dénoncer ou à condamner.
Amar Belkhodja, ancien journaliste à El Moudjahid, s’est entièrement reconverti à la recherche historique, une passion qui lui a permis de publier nombre d’ouvrages traitant de biographies tant culturelles que politiques et d’étapes sur la nationalisme algérien et la lutte de libération nationale.
La défense de la cause palestinienne figure en très bonne place dans le champ de ses préoccupations.
M. B.

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