Le TNA ressuscite la mémoire de son fondateur : Mustapha Kateb, l’art en étendard

Le théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi poursuit son initiative «Personnalité du mois», lancée en début d’année, pour célébrer les grandes figures de la culture nationale. Pour le mois de juillet, c’est le monument du théâtre Mustapha-Kateb qui a été choisi. Une reconnaissance posthume pour un homme dont le parcours artistique et militant reste intimement lié à l’histoire du 4e art, du cinéma et de la nation algérienne. C’est à quelques pas du théâtre municipal de Souk Ahras que Mustapha Kateb voit le jour (le 8 juillet 1920), dans un environnement où la scène n’était jamais loin. Il s’installe à Alger en 1939, une date charnière qui marque le début de son immersion dans le monde du théâtre. Il rejoint alors la célèbre troupe El-Moutribia, fondée par Mahieddine Bachtarzi, figure tutélaire du théâtre algérien. Très vite, il se distingue non seulement comme acteur, mais aussi comme homme de troupe et créateur de formes nouvelles. Aux côtés de pionniers comme Allal El-Mahib, Abdellah Nekli et Sidi Ali Fernandel, il forme la cellule théâtrale «Alpha-Bêta», à l’origine de nombreuses créations originales. Parmi les pièces les plus notables qu’il a écrites, adaptées ou mises en scène, on retrouve «La Kahina», «Othello», «Antar Ibn Cheddad», «Pour la patrie», «Topaze», «Dar L'Mehabel», ou encore «Le S’hour». De 1947 à 1951, il évolue au sein du Théâtre arabe dirigé par Bachtarzi, où il assure plusieurs fonctions. En parallèle, il fonde la troupe du théâtre algérien, qui a participé à de grands festivals internationaux. À travers ces participations, Kateb porte la voix de l’Algérie au-delà de ses frontières. Lorsque la guerre de libération éclate, Mustapha Kateb ne reste pas en retrait. Dès 1956, il utilise le théâtre comme outil de résistance politique et participe à des tournées en France pour soutenir le combat pour la liberté. Il répond ensuite à l’appel du Front de Libération Nationale en rejoignant Tunis, où il fonde une troupe artistique engagée. Il en prend la tête et inaugure ses activités par une pièce écrite et mise en scène par lui : «Vers la lumière», symbole d’un espoir national porté par les arts. Après l’indépendance, c’est tout naturellement à lui qu’est confiée la direction du Théâtre National Algérien dès le 7 janvier 1963. Si son nom est indissociable du théâtre, Mustapha Kateb a également laissé son empreinte dans le cinéma algérien, notamment à travers son rôle dans «L’Opium et le Bâton». Il y interprète avec force et intensité l’un des rôles emblématiques de la résistance contre le colonialisme français. Son jeu sobre, habité, confère au film une portée émotionnelle rare. En septembre 1988, Kateb revient à la tête du TNA, animé par l’ambition de redynamiser la scène théâtrale. Hélas, il s’éteint à Alger le 28 octobre 1989, laissant derrière lui un vide profond dans le paysage culturel.

M. K.

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