
Fatiha Issa
Une cérémonie exceptionnelle s’est déroulée au Centre culturel algérien à Paris, organisée par la représentation diplomatique algérienne auprès de l’Unesco. Cet événement avait pour but de célébrer une distinction historique : l’inscription des costumes féminins de cérémonie du Grand Est algérien sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Cette reconnaissance, obtenue lors de la 19e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui s’est tenue à Asunción (Paraguay), représente bien plus qu’un honneur protocolaire. Elle est une véritable célébration de l’héritage vivant d’une nation riche de ses traditions.
Les costumes inscrits sur cette prestigieuse liste, tels que la gandoura, la melehfa et le caftan kadi, incarnent une partie essentielle du patrimoine culturel algérien. Chaque tenue, chaque pièce raconte une histoire, celle des femmes qui les ont portées, des artisans qui les ont confectionnées et des traditions qui les ont vues évoluer au fil des siècles. Les techniques artisanales mises en lumière, comme le M’jeboud, la Fetla, le Kantil ou encore le Tellse, reflètent une maîtrise exceptionnelle. Elles nécessitent précision et savoir-faire. Ces tenues, souvent réalisées en soie ou en velours, s’ornent de broderies riches et complexes, inspirées de motifs géométriques et floraux, emblématiques de la diversité culturelle des différentes régions d’Algérie.
La cérémonie, rehaussée par la présence de nombreuses personnalités du monde diplomatique, a permis de mettre en lumière la richesse et la diversité de ces costumes traditionnels.
Les invités, parmi lesquels des ambassadeurs, des représentants de la société civile et des experts en patrimoine, ont pu découvrir une exposition unique organisée par l’association Le Fennec et son Burnous. Cette association algérienne, dédiée à la préservation et à la valorisation du patrimoine vestimentaire, a présenté une collection impressionnante de costumes citadins et régionaux. Parmi les pièces exposées, des caftans en soie et velours côtoyaient des parures locales des régions du Constantinois, de l’Oranie et de l’Algérois.
De véritables témoignages d’admiration
Les invités étrangers présents n’ont pas manqué de partager leur admiration. «Tout est fait à la main, avec un raffinement dans le détail. C’est impressionnant», a déclaré M. Hernandez, conjoint de Mme Ada Hernandez, ambassadrice et déléguée permanente adjointe de la République dominicaine auprès de l’Unesco.
Chafika Haddad, déléguée permanente adjointe de la Grenade, a exprimé son enthousiasme : «Félicitations ! Ces tenues traditionnelles sont magnifiques, et cette inscription est bien méritée.»
Ramiro Silva Rivera, ministre délégué permanent adjoint du Pérou auprès de l’Unesco, a salué la reconnaissance d’un patrimoine qu’il connaît bien : «Je connais la richesse culturelle algérienne, ayant travaillé par le passé en Algérie.»
L’inscription de ces costumes et ornements traditionnels est le fruit d’un travail collectif de longue haleine. Artisans, chercheurs, experts, associations culturelles et représentants diplomatiques ont conjugué leurs efforts pour constituer un dossier solide, témoignant de l’importance de ce patrimoine dans l’identité algérienne.
Les éléments inscrits comprennent non seulement les vêtements, mais aussi les bijoux et accessoires traditionnels, comme la chéchia soltani, le khit errouh, les boucles d’oreilles, les bracelets et bien d’autres ornements qui complètent ces tenues. Les techniques de broderie et d’ornementation, telles que le perlage ou la technique taâmar, illustrent une riche tradition artisanale.
Vision pour l’avenir
Cette reconnaissance ouvre des perspectives prometteuses. Elle pourrait renforcer l’attractivité touristique de l’Algérie, en incitant les visiteurs à découvrir ce patrimoine. Elle offre également une opportunité de sensibiliser les jeunes générations à l’importance de préserver ces savoir-faire, tout en les adaptant aux exigences de la modernité.
Enfin, elle met en avant le rôle central de la diplomatie culturelle, outil puissant pour renforcer les liens entre les nations. En partageant ses traditions, l’Algérie montre qu’elle est non seulement fière de son passé, mais également prête à le faire rayonner à travers le monde.
F. I.