Histoire du chaâbi : La fresque maltaise

Parmi les poésies qui retentissent dans l’esprit des mélomanes, Hawz Malta surpasse par son riche contenu historique. Ecrits par Mohamed Lahlou, ces vers évoquent l’épopée des marins musulmans à travers la Méditerranée et particulièrement la razzia sur l’île de Malte. C’est le regretté El Hachemi Guerouabi qui a sublimé ce poème par la magie de sa voix et sa maîtrise du mandole.
Le poète nous embarque dans l’univers des corsaires avec l’incroyable force du détail et du descriptif, allant du vaisseau au raïs, en passant par les marins, et surtout le tableau de la prise de Malte. C’est l’histoire romancée d’une belle frégate de trois mâts et seize voiles richement ornées de dorures et de pierres précieuses, certainement le butin d’une bataille navale, qui embarqua deux mille marins et largua ses amarres pour un long périple. Le raïs, fort de son expérience (nadjem), dirigeait son vaisseau, muni d’un sextant, d’une boussole et d’une carte marine (ramliya, busla ou karta) mena son vaisseau à travers les flots jusqu’à l’ile de Malte. Il avait, dit-on, l’obéissance et l’allégeance de tout son équipage. A l’approche du but, le poète brosse le tableau de l’assaut avec une grande justesse. On y entend presque les salves des canons. Puis, la reddition et l’embarquement du butin.
Une très belle poésie qui, avec les ans, a quand même pu trouver critiques auprès de certains «historiens du dimanche» qui ont tenté, munis de leurs frêles pinceaux, de dénaturer ce magnifique tableau géant. En vain, bien heureusement. Ce texte lyrique n’est pas une chronique de ce temps de feu et de sang : il reste cette majestueuse fresque où est peinte et dépeinte la puissance d’une marine qui a fait trembler tous les rivages de la Mare Nostrum et de bien plus loin.
K. Morsli

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