
Les participants à une rencontre sur le thème "La Foggara du Sahara algérien : le génie oasien", organisée jeudi dernier à Bechar, ont mis l’accent sur la nécessité de la création d’une équipe d’experts pluridisciplinaire et multisectorielle pour l’élaboration d’un projet de valorisation de la foggara et un projet de loi pour la protection et la sauvegarde de ce système traditionnel d’acheminement des eaux et d’irrigation dans les zones arides. Dans leurs recommandations, les participants qui se sont inquiétés de la lente déchéance de ce système millénaire de partage des eaux dans les régions sahariennes du pays et qui fait partie du patrimoine national, ont appelé aussi à l’élaboration par la même équipe d’experts d’un dossier en vue du classement au patrimoine mondial de la fouggara, et ce dans l’unique but de la préservation de cet important patrimoine hydraulique spécifique, qui possède des foggaras horaires et volumétriques, tandis que plus d’une cinquantaine de pays à travers le monde possèdent uniquement des foggaras horaires, ont-ils souligné lors de la clôture de cette rencontre. L’Algérie détient un savoir-faire très riche en matière d’entretien et de maintenance des sept types de foggaras, à savoir l’albienne, celles de l’erg, des jardins, des Ain (Sources), des crues comme c’est le cas dans la région de Tamanrasset, de Ouakda et de Kenadza (nord et sud-ouest de Bechar).
Les foggaras, qui sont un système d’irrigation traditionnel plus que millénaire, doivent bénéficier d’un classement au titre de la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO et aussi en tant que chef-d’œuvre du génie créateur humain, ont-ils recommandé. Cette rencontre qui a été marquée par la présentation de plusieurs communications ayant trait aux foggaras et autres systèmes d’irrigation traditionnels dans le Sahara algérien a permis aux participants, dont des universitaires, chercheurs et autres cadres régionaux et locaux des secteurs de l’hydraulique et de l’agriculture, de souligner la nécessité de la préservation du patrimoine de foggaras, qui reste à ce jour encore fonctionnel. Des chercheurs et universitaires de plusieurs régions du pays ont pris part à cette rencontre initiée par la faculté des sciences et de la vie de l'université Tahri-Mohamed de Bechar en partenariat avec le laboratoire dévalorisation des ressources végétale et de la sécurité alimentaire des zones arides du sud-ouest du pays. Cette rencontre à pour objectif l’élaboration d’un plan d’action pour la mise en œuvre de ces moyens notamment académiques, pour le classement au patrimoine mondial de cet important patrimoine matériel dont recel les régions du sud-ouest du pays, a souligné le président de cette rencontre, l’enseignant-chercheur sur les questions hydrauliques, Marzougui Touhami. Abondant dans le même sens, le Pr Boualem Rémidi, spécialiste dans le système des foggaras, a indiqué que ces dernières sont "uniques dans le monde de par leur construction et utilité dans le développement durable des zones arides". "Nous avons recensé, à ce jour, 2.400 foggaras dans le sud-ouest du pays, dotées de 700.000 puits à travers un parcours de 5.000 kilomètres qui sont à l’origine de la création de plusieurs oasis, notamment dans les régions du Touat, Gourara et le Tidelkt", a expliqué le même spécialise, enseignant à l’université de Blida et qui a, à son actif, plusieurs ouvrages et articles dédiés à la foggara.
Dans la wilaya d’Adrar, où un grand nombre de foggaras existent, "nous avons inventorié à ce jour 2.364 foggaras, qui comprennent 2.319 kasria (système de partage des eaux) et 280.796 puits de ces foggaras ont été également inventoriés sur une longueur de 360 kilomètres, repartis à travers 260 oasis et palmeraies", a fait savoir, de son côté, le directeur régional de l’Agence nationale des ressources hydrauliques (ANRH), Taha Ansari, dans une contribution aux travaux de cette rencontre. Une pléiade de chercheurs et d'universitaires de plusieurs régions du pays ont pris part à cette rencontre, initiée par la faculté des sciences et de la vie de l'université Tahri-Mohamed de Bechar en partenariat avec le laboratoire de valorisation des ressources végétales et de la sécurité alimentaire des zones arides du sud-ouest du pays.