Festival de la littérature et du cinéma de la femme : Une véritable immersion artistique

Le Festival de la littérature et du cinéma de la femme a tenu toutes ses promesses, avec un programme dense et inspirant, célébrant la créativité féminine dans toute sa diversité. Entre littérature et projections cinématographiques, le public a été convié, avant-hier, à une véritable immersion artistique.

La maison de la Culture Mustapha-Khalef de la wilaya de Saïda, où se tient le Festival de la littérature et du cinéma de la femme, depuis lundi, a ouvert la journée avec une rencontre littéraire passionnante réunissant les romancières Nadjet Rahmani et Djijiga Brahimi. Devant un public attentif, les deux auteures ont partagé leur parcours, leur vision de l’écriture et la place de la femme dans la littérature contemporaine algérienne. Modérée, avec finesse, par Bouri Mustapha, la rencontre s’est poursuivie par une séance de vente-dédicace, permettant des échanges privilégiés avec les lectrices et lecteurs. L’après-midi, les festivaliers se sont retrouvés au cinéma Dounyazad, pour une série de projections cinématographiques riches en émotions. La réalisatrice Hadjer Sabata a ouvert la séance avec Tayara Safra, un moyen métrage touchant présenté en sa présence. Elle a partagé avec le spectateurs les coulisses de la création et les intentions artistiques derrière son film.En portant à l’écran le destin de Djamila, Hadjer Sebata redonne voix à toutes ces femmes dont le courage n’a pas faibli face à l’oppression. Tayara Safra est bien plus qu’un film historique. C’est un cri du cœur, une déclaration d’amour au pays et à ses martyrs, portée par une héroïne bouleversante incarnée avec intensité par Souhila Maâlem. Le public a ensuite découvert Première Ligne, le dernier long métrage de Merzak Allouache, projeté hors compétition. En présence du réalisateur, de l’actrice Fatiha Karecheet de l’acteur Idir Benaïbouche, le film a plongé les spectateurs dans le quotidien d’une famille algérienne qui décide de passer une journée à la mer. Derrière cette apparente simplicité, l’œuvre déploie un regard subtil sur les tensions sociales, les rapports familiaux et les espoirs enfouis. Une discussion riche a suivi la projection, soulignant la finesse du propos et la qualité de l’interprétation. À l’issue de la projection, Idir Benaïbouche a partagé ses impressions avec une sincérité touchante : «Je suis très heureux d’être présent à ce Festival. C’est peut-être un événement modeste en termes de moyens, mais il est immense par l’amour et la passion qui l’animent. Il y règne un enthousiasme extraordinaire, une vraie soif de cinéma. Les gens viennent avec le cœur, avec le désir profond de découvrir des films, de vivre des émotions. Et pour nous, artistes, c’est tout simplement un bonheur de ressentir cela. J’ai eu la chance de présenter le dernier film de Merzak Allouache, dans lequel j’ai un rôle. Je dois dire que la projection s’est très bien déroulée. Le public de Saïda a été exceptionnel, généreux et attentif. Que demander de plus ? Franchement, que du bonheur». Ahmed Bedjaoui a ensuite présenté son dernier ouvrage Le cinéma algérien en 44 leçons, avec une séance de vente-dédicace conviviale et enrichissante, marquant un temps d’échange privilégié avec le public. Ahmed Bedjaoui, critique, universitaire et figure incontournable du paysage cinématographique algérien, propose une œuvre pédagogique à la fois érudite et accessible. Ce livre s’impose comme un outil de référence, pour quiconque souhaite comprendre les fondements, les évolutions, les défis et les singularités du 7e art algérien. L’originalité du livre réside dans sa structure. Loin d’un simple essai historique, Le cinéma algérien en 44 leçons s’apparente à un manuel, pensé, pour l’enseignement, la formation, ou simplement la curiosité intellectuelle. Chaque «leçon» aborde un thème précis : l’image du moudjahid, la représentation de la femme, le rôle de la censure, les coproductions, le cinéma amazigh, ou encore les défis du numérique. La journée s’est clôturée avec la projection du long métrage 196M, de Chakib Taleb Bendiab, sélectionné pour représenter l'Algérie à la 97e édition des Oscars, dans la catégorie du «meilleur film international». D'une durée de 90 minutes, ce film, dont le tournage avait commencé, en 2022, à Alger, a remporté le grand prix du Festival international de cinéma de Rhode Island (États-Unis), où il a été projeté en avant-première mondiale. En présence du réalisateur, de l’actrice Meriem Medjkane et de Hichem Ben Mesbah et Ali Namous, la projection a donné lieu à des échanges intenses autour des thématiques abordées, mêlant mémoire, traumatisme et résilience. Cette deuxième journée du Festival a brillamment illustré la vitalité de la création féminine en Algérie, tant dans la littérature que dans le cinéma.

M. K.

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