Festival de la littérature et du cinéma de la femme : Le public conquis à Saïda

Le programme des journées de mercredi et jeudi s’est déroulé comme prévu, respectant à la lettre le planning annoncé par les organisateurs du festival de la littérature et du cinéma de la femme. Entre master class, conférences-débats et projections cinématographiques, le public a pu profiter d’une véritable immersion dans l’univers culturel.

La journée de mercredi a débuté à la Maison de la culture Mustapaha Khalef avec une rencontre littéraire placée sous le signe de l’échange et de la sensibilité. Animée par la romancière Maïssa Bey, la séance a réuni deux voix féminines engagées de la littérature algérienne contemporaine, Zoubida Berrahou et Ania Mezaguer. Les discussions autour de leurs œuvres, entre témoignages personnels et réflexions sociétales. La rencontre s’est clôturée par une séance de vente-dédicace conviviale. L’après-midi a ensuite laissé place au cinéma, avec une programmation variée. Le court métrage « Clef de sol », projeté en présence de la jeune réalisatrice Louiza Belamri, a su toucher les spectateurs par sa sensibilité et sa justesse. Ensuite, le long métrage « La Gare », présenté en présence du réalisateur Lotfi Bouchouchi, a offert une plongée cinématographique intense dans les mémoires collectives. Enfin, au cinéma Dounyazad, le film « Deux hommes, un destin » du réalisateur Mustapha Ozgun a réuni un large public venu assister à la projection en présence de l’acteur Ahmed Rezzak et de la productrice Fatima Ouazene, suscitant de nombreux échanges à l’issue de la séance. Le jeudi après-midi, la programmation cinématographique s’est poursuivie avec tout autant d’intérêt. Le public a pu découvrir le court métrage « Aldja », un film fort présenté en présence de son réalisateur Charefeddine Hadjadj, qui a pris le temps d’échanger avec les spectateurs après la projection. Ensuite, le long métrage « Terre de vengeance », projeté en présence de son réalisateur Anis Djaâd et de l’acteur Samir Elhakim, a plongé l’auditoire dans une fiction dramatique. La journée s’est conclue avec le film « Boualem Zid Goudam »du regretté réalisateur Moussa Haddad, salué comme un hommage vibrant au cinéma algérien et à sa tradition de comédie engagée. Ces deux journées denses ont ainsi permis de mettre à l’honneur la richesse de la création littéraire et cinématographique nationale.

Yasmina Khadra signe le moment phare du festival

Ce fut un après-midi riche en émotions et en échanges littéraires, jeudi dernier, au cinéma Dounyazad de Saïda, où l’écrivain Yasmina Khadra a rencontré un public majoritairement féminin dans le cadre du Festival national culturel de la littérature et du cinéma féminins. Un moment suspendu entre fermeté face aux journalistes, tendresse envers son lectorat et plaidoyer en faveur de la parole citoyenne. Si l’auteur des Vertueux affiche souvent un visage impassible et une certaine exaspération devant les questions des médias, c’est un tout autre homme que le public de Saïda a découvert. Jovial, accessible, presque complice avec la salle, Khadra s’est montré attentif et surtout protecteur de la liberté d’expression. Lorsque la modératrice a demandé de limiter les interventions aux seules questions littéraires, l’écrivain n’a pas hésité à l’interrompre : « Laissez-les s’exprimer », a-t-il dit avec conviction. Une prise de position applaudie par l’auditoire, et saluée par un lecteur qui a tenu à rappeler « le droit des lecteurs de parler à leur auteur préféré ». Au cœur de cette rencontre, deux œuvres : Les Vertueux et Cœur d’amande. Deux romans où les figures féminines, discrètes mais fondamentales, tiennent une place essentielle. Interrogé sur l’hommage qu’il rend à sa mère dans ses écrits, Khadra a livré une réponse empreinte de sagesse : « La femme est derrière chaque grand homme, et ne pas aimer sa mère, c’est se faire violence à chaque fois. » L’auteur a également partagé une confidence sur la genèse de Les Vertueux. Avant de porter ce titre, le roman s’intitulait Les Sept Marches de l’Arc-en-ciel. C’est grâce à ses filles, dit-il, qu’il a trouvé le titre définitif. Un moment intime et touchant qui a encore renforcé la proximité ressentie avec le public. Mais au-delà de ses œuvres, Yasmina Khadra a tenu à adresser un message fort à la ville elle-même : « Un festival comme ça est vital pour une ville comme Saïda. Il n’y a pas assez d’activités ici. J’aimerais que ce festival devienne international, et c’est grâce aux gens de Saïda que ça peut se faire. » La rencontre s’est conclue par une séance de vente-dédicace, soigneusement organisée.

M. K.

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