Clôture du Festival de la littérature et du cinéma de la femme : Terre de vengeance, sacré «Khelkhel d’or»

Le rideau est tombé, vendredi soir, sur la 8e édition du Festival national de la littérature et du cinéma de la femme à Saïda, avec une double mise à l’honneur marquante : d’un côté, le sacre Khelkhel d’or pour le film Terre de vengeance, d’Anis Djaâd, et de l’autre, la distinction honorifique décernée, à titre exceptionnel, à Boualem zid el goudem, du regretté Moussa Haddad, véritable figure tutélaire du cinéma algérien.

En compétition aux côtés de cinq autres longs métrages, Terre de vengeance s’est imposé par la puissance de son récit et l’intensité de son jeu d’acteur. Ce thriller dramatique met en scène un ancien détenu, incarné par Samir El Hakim, dans une quête de vengeance teintée de douleur et de résilience. L’œuvre a su séduire un jury présidé par Nabila Rezaig. Très ému à la réception de son prix, Anis Djaad a confié «je suis vraiment très heureux. C’est le deuxième prix en fin de compte… Ça fait énormément plaisir». Pour le réalisateur, la relance du cinéma algérien passe nécessairement par la réouverture durable des salles à travers le pays «c’est essentiel pour faire vivre nos films, nos images», a-t-il dit.
Moment fort de cette édition : un prix honorifique exceptionnel a été attribué à Boualem zid el goudem, œuvre culte réalisée il y a plus de quarante ans par Moussa Haddad, d’après la célèbre pièce de Slimane Benaïssa. Cette production emblématique de la RTA a marqué des générations de téléspectateurs et continue de résonner par la justesse de son propos social et politique. Ce geste symbolique visait à rendre hommage au génie créatif de Moussa Haddad, disparu, mais toujours vivant dans la mémoire du cinéma algérien. En honorant cette œuvre, le festival a rappelé combien le patrimoine audiovisuel algérien constitue un socle précieux pour la culture nationale et une source d’inspiration pour les générations futures. Pour rappel, parmi les autres films en lice figuraient : 196 mètres/Algiers de Chakib Taleb-Bendiab, La gare Aïn Lahjar de Lotfi Bouchouchi, Deux hommes et un destin de Mustafa Ozgun, scénarisé par Samir Benyala et soutenu par le CADC. Ces œuvres ont offert un panorama de la diversité narrative et de la pluralité esthétique du cinéma algérien d’aujourd’hui, entre regards personnels et propositions universelles.

L’écriture au féminin à l’honneur

Le festival ne s’est pas limité au 7e art, les organisateurs ont également tenu à valoriser la Hadlittérature féminine à travers un concours de nouvelle courte sur le thème : «La symbolique de la femme dans le patrimoine algérien, du mythe à la mémoire». La jeune Hadjar Hateb Nour El Houda, lauréate du concours, avec Les ailes des cendres, en langue arabe, a ému le public avec un récit introspectif et poétique autour d’une femme en quête de ses origines dans le désert. « C’est ma toute première nouvelle et je ne m’attendais vraiment pas à gagner. Cela m’a donné l’envie de continuer ».
Dans une ambiance chaleureuse et sans artifices, le Festival de Saïda a su conjuguer mémoire et modernité, expériences artistiques et rencontres humaines. La reconnaissance d’un réalisateur prometteur comme Anis Djaad aux côtés de l’hommage à Moussa Haddad, pionnier du 7e art algérien, donne la mesure d’un événement qui reste fidèle à ses engagements : défendre un cinéma sincère, ancré, ouvert à toutes les voix, notamment celles des femmes. Entre l’hommage à l’histoire du cinéma algérien avec Boualem zid el goudem rappelant l’âge d’or de la RTA et la reconnaissance de jeunes talents, cette édition du Festival de Saïda a brillamment réaffirmé sa mission : offrir une plate-forme sincère et exigeante à la créativité, tout en célébrant la richesse du patrimoine culturel algérien.

M. K.

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