Un réseau international de narcotrafic démantelé par la Gendarmerie : Des migrants utilisés comme mules depuis le Maroc

Un réseau criminel international spécialisé dans le trafic de drogue et la traite humaine vient d’être neutralisé par les services de la Gendarmerie nationale d’Oran à l’Ouest du pays. Cette bande criminelle, qui activait à partir du Maroc, est composée de migrants clandestins subsahariens exploités par des barons marocains comme mules pour le transport du haschisch (kif traité) vers l’Algérie.
Ce coup de filet a été réalisé grâce à l’exploitation de renseignements faisant état d’un mouvement suspect de ressortissants subsahariens à l’intérieur d’une ferme située dans la wilaya d’Oran, a indiqué jeudi la Gendarmerie nationale. La perquisition du lieu s’est soldée par l’interpellation de quatre individus de différentes nationalités. Ce qui a permis de dévoiler un plan criminel d’introduction de haschisch marocain au territoire national, précise le capitaine Adel Ouahab, chargé de communication auprès le Groupement territorial de la GN d’Oran. «Les migrants clandestins arrêtés introduisaient, depuis une ville frontalière, une quantité de drogue», détaille-t-il.
Des chauffeurs clandestins de véhicules touristiques assuraient le transport des membres du réseau, évitant le déplacement à bord de bus ou de transports en commun, afin d’éviter les contrôles routiers. Le dispositif de la GN mis en place et consistant en l’intensification de points de contrôle et de patrouilles a abouti à l’interception du véhicule au niveau de la RN 2.

Le baron du réseau identifié

Les investigations poussées se sont soldées par l’identification et l’arrestation des membres de ce réseau de narcotrafic de l’Ouest. Il s’agit de 12 mis en cause, dont 7 Algériens et 5 ressortissants africains de différentes nationalités âgés entre 19 et 52 ans. Les enquêteurs ont également saisi des téléphones portables et des puces marocaines.
Lors de cette opération, deux véhicules ont été saisis ainsi que des sommes d’argent en DA, en Euro et en Dirham marocain. «Les narcotrafiquants, en coordination avec un baron d’un réseau spécialisé dans la traite humaine de nationalité Camerounaise, ont recouru à un nouveau mode opératoire par le recrutement, voir l’exploitation, de migrants clandestins africains dans le transport de drogue vers le territoire algérien, en contrepartie de leur aide à rejoindre la rive du Nord de la méditerranée». Les membres du réseau ont été présentés devant le parquet du tribunal compétent.
Il est à souligner que le trafic de drogue, au niveau des frontières Ouest, a enregistré une baisse remarquable ces dernières années. Les saisies sont opérées généralement au niveau des frontières Sud -Ouest avec le Maroc. Cela est dû principalement au dispositif renforcé, tout le long des frontières notamment par la première ceinture, qui consiste en le déploiement des Groupements des gardes-frontières (GGF) et les détachements militaires. A cela s’ajoute le contrôle des voies de communication qui représentent la deuxième ceinture du dispositif. En effet, des dispositifs sont déployés, dans ce cadre, sur les routes. La surveillance est assurée par les unités de Sécurité routière (SR). Le dispositif compte également l’activité de la Police judiciaire (PJ) ayant permis le démantèlement des réseaux criminels, notamment par l’exploitation des renseignements.
Selon la Gendarmerie nationale, les narcotrafiquants procèdent au changement permanent des itinéraires et modes opératoires. Le trafic au niveau des frontières Ouest, partculièrement à Tlemcen, a sensiblement reculé suite aux tranchées creusées au niveau de toutes les frontières terrestres notamment à l’Ouest, ce qui a induit la réduction des champs de cultures de kif traité. Cette affaire démontre les tentatives des réseaux de trafic de haschisch marocain de se réorienter vers les frontières Ouest suite aux coups durs et grandes saisies opérées par les détachements de l’ANP au niveau des frontières Sud-Ouest notamment à Béchar.

Des migrants transportés en jet-ski

Le Maroc est cité pratiquement dans la majorité des affaires liées au trafic de drogue et d’êtres humains vers l’Europe, en particulier depuis l’Espagne et ses deux enclaves de Ceuta et Melilla qui constituent les seules frontières terrestres de l’Union européenne avec l’Afrique. C’est un pays de transit pour de nombreux migrants d’Afrique subsaharienne et d’Afrique du Nord qui tentent de se rendre en Europe, l’Espagne étant souvent leur première étape pour atteindre les pays plus au Nord.
Des réseaux de passeurs ont recouru aux jet-skis pour transporter des migrants vers l’Espagne. La police nationale espagnole avait déjà démantelé à Melilla un réseau de passeurs qui faisaient passer illégalement des personnes depuis le Maroc en passant par la mer, au prix de 500 à 4 000 euros le passage. L’enclave espagnole est «prise d’assaut par des trafiquants et passeurs marocains qui recourent, cette fois-ci, aux jet-skis pour embarquer des migrants clandestins et transporter toutes sortes de drogues en vue de les déposer et de les écouler sur les côtes de la ville de Ceuta, et ce avant de retourner dans les eaux juridictionnelles des côtes marocaines», selon Europa Press. En plus du kif traité, le Maroc est devenu le relais des cartels sud-américains alimentant l’Europe en cocaïne. Des migrants clandestins subsahariens sont également exploités comme «mules» par des réseaux criminels spécialisés dans le trafic de la drogue dure et la traite humaine.
Un réseau transnational a été démantelé par les services spécialisés de la police dans la capitale. Cette bande criminelle, qui activait sur l’axe Niger, In Guezzam, Ghardaïa, Boufarik jusqu’à la capitale, son champ d’activité privilégié, est composée de 14 membres, dont trois Algériens et 10 ressortissants subsahariens. En effet, afin de garantir l’acheminement de la drogue en toute sécurité, «les mules» avalent les capsules. Arrivés à leur destination, ils évacuent les capsules par l’anus, à l’aide de laxatifs.

Neila Benrahal

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