
Dans une démarche visant à renforcer la sécurité alimentaire et à assurer une autonomie nationale en matière de production laitière, l'Algérie vient de franchir une étape décisive. En effet, un accord-cadre historique, pour la réalisation d'un projet intégré de production de lait en poudre, a été signé, hier à Alger, entre le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, et la société qatarie «Baladna», représentée par Souad Assous et Moutaz Al-Khayyat, respectivement DG de l'investissement agricole et du foncier, au MADR, et président du CA de «Baladna».
Dans son intervention, Youcef Cherfa a affirmé que ce projet est venu «renforcer» les relations de partenariat distinguées entre les deux pays, traduisant, par la même, la volonté «ferme» et «forte» de leurs dirigeants, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et l'Émir du Qatar, Cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani. «La partie qatarie a manifesté un grand intérêt pour la stratégie de développement que l'Algérie cherche à mettre en œuvre, à moyen et à long terme, pour diversifier son économie et renforcer sa sécurité alimentaire. Ceci à travers l'augmentation de la production, la création de richesse, l'amélioration des conditions de vie de la population, la création d'emploi ou encore la préservation et l’exploitation des ressources naturelles de manière durable. Il est question aussi d’assurer un climat favorable aux investissements nationaux et étrangers», a expliqué le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, en présence de plusieurs membres du gouvernement, du conseiller auprès du président de la République, chargé des finances, des banques, du budget, des réserves de changes, des marchés publics et des règlements internationaux, Mohamed Boukhari, ainsi que de l'ambassadeur du Qatar en Algérie, Abdelaziz Ali Al-Nama. Porteuse d'un investissement conséquent de 3,5 milliards de dollars, cette initiative s'annonce comme un mégaprojet structurant, qui propulsera la production laitière algérienne sur l'échiquier international. Le partenariat stratégique tissé entre «Baladna» et l’État algérien, représenté par le Fonds national d'investissement, a pour objectif de construire des fermes d'élevage intégrées de vaches laitières et des installations de transformation, aboutissant à la production de lait en poudre dans les zones du sud du pays, notamment dans la wilaya d’Adrar. Étendu sur une superficie globale de 117 000 hectares et articulé autour de trois complexes indépendants, le projet adopte une approche holistique englobant la production de fourrage, l'élevage bovin, ainsi que la transformation laitière. Cette grande opération agricole représente une ambition sans précédent pour l'Algérie, qui aspire ainsi à produire localement 50% des besoins nationaux en lait en poudre, et à investir dans la production de viande rouge.
Produire 50% des besoins nationaux en lait en poudre
Ce projet structurant, a ajouté le ministre, «est composé de trois pôles dans le sud de l'Algérie, notamment dans la wilaya d'Adrar, chaque pôle comprend une ferme de production de céréales et de fourrage, une ferme d'élevage de vaches et de production de lait et de viande, ainsi qu'une usine de production de lait en poudre, dont les premières étapes de production débuteront d'ici 2026». Au-delà de l'autosuffisance, ce programme est synonyme de progrès économique, via la création de 5 000 emplois directs, promettant ainsi un impact positif significatif sur l'économie locale. Les fermes d'élevage intégrées envisagées permettront d'implémenter les dernières innovations technologiques et les meilleures pratiques agricoles, assurant une maîtrise optimale de toute la chaîne de valeur, de la production de l’aliment à la transformation finale. Les deux pays consolident ainsi, à travers ce projet, leur «volonté commune d'accroître la coopération bilatérale et de soutenir des initiatives promouvant la croissance durable». Ce projet fortement économique bénéficie, par ailleurs, de facilités considérables, telles que l'accès à des terrains agricoles, le soutien financier et l'accompagnement, renforcés par les avantages offerts par la loi 18-22 relative à l'investissement. «Baladna» pourrait donc révolutionner le marché algérien du lait et de la viande, le plaçant dans une perspective de développement durable et de prospérité à long terme.
Mohamed Mendaci