
Alors que la Cour internationale de justice (CIJ) doit se prononcer sur l’accusation de génocide contre l’entité sioniste et les mesures conservatoires demandées par l’Afrique du Sud, le Premier ministre de cette entité, Benyamin Netanyahu, a réaffirmé, samedi dernier, que la «guerre» se poursuivra jusqu’à ce que les objectifs de son armée, à savoir la libération des otages et la neutralisation de la Résistance, soient atteints, et que même la Cour de La Haye n’est pas en mesure d’arrêter l’offensive menée dans la bande de Ghaza depuis octobre dernier.
La veille, lors de la seconde journée de l’audience, les avocats représentant l’entité sioniste ont réfuté les arguments de la partie sud-africaine et nié toute velléité génocidaire, invoquant le droit d’Israël à se défendre tout en occultant le fait colonial et l’effroyable bilan de l’agression. À propos de ce procès, le professeur émérite à l’université d’Oxford (Grande-Bretagne), Tariq Ramadan, a affirmé sur AL24 que cette stratégie de défense de la délégation israélienne était prévisible, en ce que le mensonge a toujours fait partie de l’histoire de l’entité sioniste : « Cela n’a rien d’étonnant. Les sionistes n’ont eu de cesse de mentir dès 1948. C’est un mensonge perpétuel. Sur le 7 octobre, Israël a menti sur les faits, sur les morts, et c’est quand même extraordinaire qu’après l’effet d’annonce, le nombre de morts a été revu à la baisse ». L’islamologue a souligné que si le discours victimaire israélien n’est pas une nouveauté, quelque chose a quand même changé depuis le début de l’agression contre Ghaza : « Il faut bien comprendre que ce discours, qui inverse les choses, est lié à un véritable rapport que cette entité entretient avec le droit international, il suffit d’inverser les mots, de ne pas respecter le droit et ça marche, et ça a toujours marché. La seule différence est qu’aujourd’hui, les opinions publiques internationales sont au plus clair sur ce qui est en train de se passer. Elles ne sont plus dupes parce que le serpent s’est mordu la queue, et ce malgré la manipulation des réseaux sociaux. Les informations font que les populations à travers le monde se réveillent, et ceci est peut-être, au-delà même du droit, une donnée qu’Israël ne pourra pas ne pas considérer dans le proche avenir».
Dans ce contexte, Ramadan a tenu à dénoncer le « deux poids, deux mesures » constaté dans le traitement médiatique de la guerre contre Ghaza, lequel s’est aussi manifesté lors de la couverture du procès : « Ce qui est véritablement révoltant, c’est de voir les organes et les médias, que ce soit aux États-Unis, en France, en Angleterre ou en Australie, qui passent sous silence les plaidoiries du premier jour, mais couvrent les plaidoiries des défenseurs de l’entité sioniste, et font même venir des analystes basés à Tel-Aviv ou à Jérusalem pour fournir des analyses prétendument objectives. Non content d’être muet devant les massacres, on l’est même devant la clarté du droit international qui dit qu’Israël s’est engagé, non pas simplement dans une dérive génocidaire, mais dans un génocide caractérisé ». En ce qui a trait à l’issue de l’initiative de l’Afrique du Sud qu’il a qualifiée d’« exceptionnelle », l’invité de l’émission L’Échiquier international s’est quand même montré mesuré : « Il ne faut pas aller trop vite en besogne, car ce n’est pas que le droit qui décide à la CIJ, ce sont des conflits d’alliances politiques et de représentation. Ceux qui pensent que c’est le droit international qui prévaut au-delà de la politique internationale sont de grands naïfs. Le droit international, c’est un droit qui est soumis aux politiques internationales, qui sont le fait de quelques superpuissances, dans lesquelles il faut intégrer Israël. C’est un droit que l’on appelle à faire respecter à ceux que l’on soumet, mais auquel on ne se soumet jamais quand on est une superpuissance ».
I. B.