De Paris : Fatiha Issa
Pour la première fois depuis plus de 70 ans, les nations arabes se sont rassemblées à Paris, au siège de l’Unesco, pour célébrer et promouvoir leur riche patrimoine culturel, au cours de la Semaine arabe, une initiative du Royaume d’Arabie Saoudite, menée par sa Commission nationale pour l’éducation, la culture et la science.
Cette rencontre prestigieuse a réuni des acteurs culturels, des artistes, des artisans et des chefs cuisiniers, et a offert aux visiteurs une plongée unique dans la diversité du monde arabe à travers une série d'expositions, de conférences, de spectacles et de découvertes culinaires.
L'Algérie, avec une participation remarquable, a mis à l'honneur la richesse de son héritage artisanal. La galerie artisanale Kechout a exposé des bijoux kabyles traditionnels, symboles d’une culture ancestrale. Fabriqués en argent, ornés de motifs géométriques et colorés de bleu, vert et jaune, ces bijoux incarnent l’art kabyle, transmis de génération en génération. Chaque pièce est le fruit d’un savoir-faire minutieux et traditionnel qui confère à cet artisanat une valeur patrimoniale exceptionnelle. «Nos bijoux kabyles sont à la fois ancrés dans la tradition et ouverts à la modernité. Les exposer à l'Unesco, un lieu emblématique pour la préservation des cultures, témoigne de leur portée universelle et de leur beauté intemporelle», a déclaré un porte-parole de la galerie Kechout.
Défilé de mode : Hommage à la richesse vestimentaire algérienne
L'une des grandes attractions de cet événement fut le défilé organisé par l'association «Le Fennec et son Burnous». Cette association algérienne, dédiée à la préservation et à la valorisation du patrimoine vestimentaire, a mis en lumière la diversité et la sophistication des costumes traditionnels algériens. La «chedda» de Mostaganem, appelée «tegrifa», la «blousa» oranaise et le caftan «El Kadi» de Constantine, orné de broderies en fil d’or, ont émerveillé le public. Ces pièces révèlent la diversité culturelle algérienne et ses influences, mélange subtil d’héritages arabe et amazigh, exprimés par les coupes, les couleurs et les ornements.
Le défilé s'est déroulé sous les applaudissements enthousiastes et les youyous nourris du public, captivé par la splendeur de chaque tenue.
Yara, diplomate jordanienne, a exprimé son admiration avec enthousiasme : «Waouhhh, c'est une merveilleuse découverte pour moi. Les costumes traditionnels algériens sont absolument fascinants.» De même, la jeune influenceuse algérienne Inès Abdelli, invitée à défiler dans un somptueux caftan «El Kadi» de Constantine, a déclaré : «c’est un immense honneur pour moi de représenter mon pays en portant cette pièce de notre héritage. Protéger et faire connaître notre patrimoine culturel est aujourd'hui essentiel, car il suscite un intérêt croissant à l'international.»
Un voyage sensoriel avec les arts et la musique algérienne
L’Algérie ne s'est pas arrêtée là. Elle a également ravi les visiteurs avec une prestation musicale captivante. Une cantatrice renommée, vêtue d’un élégant karakou algérois, a interprété des morceaux de musique arabo-andalouse, transportant le public dans un voyage intemporel au rythme des noubas, célèbres airs du patrimoine musical algérien. Cette performance a permis d’illustrer la richesse et l'élégance de la culture musicale du pays, où chaque note résonnait comme un hommage à un passé glorieux et à une tradition vivante. Ce moment musical a envoûté les diplomates, les artistes et les amateurs de musique présents, renforçant ainsi le caractère exceptionnel de la participation algérienne.
Conférences et innovations : entre tradition et modernité
Dans un souci de dialogue interculturel et de transmission du savoir, l’Algérie a également pris part à des conférences sur des thèmes aussi divers que la calligraphie algérienne et l’intelligence artificielle appliquée au patrimoine culturel. Ces interventions ont mis en lumière le potentiel de l'Algérie dans des domaines à la fois traditionnels et avant-gardistes, soulignant son rôle dans l'innovation pour préserver et valoriser le patrimoine à l'ère numérique. À travers cet équilibre entre passé et futur, l'Algérie démontre une volonté affirmée de protéger et d’enrichir son héritage culturel. «Je suis honorée de pouvoir participer à ce genre d’avènements qui met en lumière notre riche patrimoine culturel national», affirme Saliha Gannem, animatrice de radio.
Un message de fierté culturelle et d’ouverture internationale
En offrant un aperçu de son patrimoine exceptionnel, l'Algérie a su briller tout au long de cette première Semaine Arabe à l’Unesco, attirant l’attention des visiteurs et des médias internationaux. Les artisans, les artistes et les représentants algériens ont partagé avec fierté une partie de l'âme algérienne, tout en mettant en lumière un savoir-faire et une créativité qui inspirent. Cet événement symbolise bien plus qu’une simple exposition : il représente un pont culturel, une ouverture vers le monde et un hommage à un patrimoine vivant, inspirant pour les générations actuelles et futures.
Fatiha Issa
