
L'Union européenne a ordonné à l'Espagne d'entamer un dialogue avec l'Algérie et d'améliorer ses relations avec elle, en mettant fin aux tensions, afin d'assurer plus d'approvisionnement en gaz vers l'Europe, à la lumière des craintes croissantes que la Russie coupe son approvisionnement en gaz.
La tension énergétique que connaît l'Europe a conduit l'UE à ordonner aux États membres de «relancer le dialogue énergétique avec l'Algérie, indique le site espagnol «Libre Mercado». L'Union européenne, lors de sa dernière réunion, avait élaboré un plan pour rechercher des alternatives au gaz russe, de peur que la Russie coupe tout approvisionnement en gaz, d'autant plus que l'hiver approche.
Selon une autre source espagnole, la facture de gaz de l'Espagne en 2022 est la plus élevée de toute son histoire. En effet, celle-ci pourrait dépasser les 30 milliards d'euros d'ici à la fin de l'année, soit une augmentation de plus de 300 % par rapport à 2021. Les fournisseurs connus de l'UE sont notamment, la Russie, la Norvège, l'Algérie, les États-Unis, le Qatar et le Royaume-Uni. L'Algérie étant le troisième fournisseur, avec deux gazoducs, l'un reliant l'Algérie à l'Italie et l'autre à l'Espagne, a-t-il conclu. A noter que selon le site espagnol «Liber Mercado», Bruxelles veut à tout prix des sources de gaz face à la menace d'une coupure totale de l'approvisionnement de la Russie. La mesure fait partie du plan REPowerEU.
L'Europe veut «construire des associations à long terme mutuellement bénéfiques, promouvant les énergies renouvelables et augmentant l'efficacité énergétique dans le monde entier et coopérant dans les technologies vertes et l'innovation», selon le même média. En outre, «la nouvelle plateforme énergétique de l'UE jouera un rôle clé dans la mutualisation de la demande, la coordination de l'utilisation des infrastructures, la négociation avec les partenaires internationaux et la préparation d'achats conjoints de gaz et d'hydrogène». Une série d'actions sera développée.
La première consiste en l'augmentation des livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) depuis les Etats-Unis et le Canada, par gazoduc et GNL depuis la Norvège». La deuxième action consiste à «intensifier la coopération avec l'Azerbaïdjan, en particulier dans le corridor gazier sud». La troisième est de parvenir à «des accords politiques avec des fournisseurs de gaz, tels que l'Égypte, pour augmenter l'approvisionnement en GNL». Pour rappel, l’embargo européen ne concerne que le pétrole russe. Le gaz ne faisant l’objet d’aucune restriction particulière.
Pour Pedro Sánchez, cette injonction de l’UE s’apparente à une douche froide : «Relancer le dialogue énergétique avec l'Algérie». A noter en outre que le prix du gaz naturel explose suite aux nouvelles interruptions momentanées des livraisons de gaz russe via Nord Stream 1.
Samia Boulahlib
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Brahim Guendouzi, professeur d'économie : «L’Algérie a respecté ses engagements contractuels»
Interrogé au sujet de l’injonction de l’UE en direction de l’Espagne de relancer le dialogue énergétique à Alger , l'expert et professeur d'économie à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, Brahim Guendouzi, relève d’emblée «deux aspects». Le marché international du gaz, explique-t-il, connait une forte tension, aussi bien sur les quantités que les prix.
«Concernant l'Espagne, il faut savoir que ces sources d'approvisionnement sont constituées essentiellement du gaz algérien livré par gazoduc, et s'approvisionne également auprès d'autres fournisseurs pour satisfaire ses besoins. Mais avec la hausse importante du prix du gaz, la facture payée par l'Espagne pour ses approvisionnements en gaz naturel, s’avère très élevée. Ce problème se pose particulièrement pour l'Espagne : comment sécuriser ses approvisionnements en gaz vu la tension en Europe, entrainée par le conflit russo-ukrainien, ainsi que la tension créée avec son principal fournisseur du gaz qui est l'Algérie», a-t-il détaillé. Néanmoins, poursuit, l'expert, «l'Algérie a continué à respecter ses engagements contractuels de fourniture en gaz naturel, avec évidemment de nouveaux prix, mais elle ne pouvait pas assurer les quantités supplémentaires de gaz naturel, tel que demandé». Pour ce qui concerne l'Union européenne, «les fournisseurs en gaz naturel de l'UE, la Russie, fournissait 48, 4% de gaz en 2021, deuxième fournisseur, la Norvège (18%), le troisième fournisseur qu’est l'Algérie (13,4%), le quatrième fournisseur, les états-Unis (5,8%) à la fin de 2021». A ce propos, il dira que «pour l'Union européenne, il est envisagé de remplacer les quantités du gaz russes par d'autres fournisseurs. C'est dans ce cadre, que l'Algérie est très sollicitée actuellement», relève encore l'analyste. Selon lui, «l'Algérie a répondu favorablement à l'Italie qui est son premier client, en augmentant les quantités, mais à des prix compétitifs, grâce à la fourniture par gazoduc international reliant l'Algérie à l'Italie du fait de l'existence d'un contrat stratégique avec l'Italie ».
En somme, il résume que «l'approche de l'hiver et la menace de diminuer les quantités de gaz fournies par la Russie à l'UE feront augmenter encore les prix du gaz. Cela va avoir un impact, aussi bien au plan des dépenses (facture énergétique en hausse), que la recherche de nouveaux fournisseurs parmi lesquels l'Algérie.
S. B.
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