
Le Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH), prévu du 25 septembre au 9 octobre 2022, sera organisé sous le slogan «On recense notre présent pour édifier notre avenir». Un logo a été confectionné à cet effet par l'Office national des statistiques. La préparation du RGPH se déroule de façon minutieuse pour que les résultats puissent garantir une meilleure planification de la politique générale du pays.
L’habitat a toujours été une question prioritaire en Algérie. En effet, ce secteur pose des défis engendrant des enjeux politiques, économiques, sociaux, culturels et géographiques. Enrayer la crise de logement est considéré comme étant une priorité majeure par les pouvoirs publics.
C’est dans cette perspective que sont intervenus les différents plans quinquennaux qui se sont succédé au cours des dernières décennies. L’ambition affichée étant d’arriver à un Taux d’occupation par logement (TOL) de cinq personnes, en permettant l’accès au logement à des millions de personnes.
L’habitat, un des axes d’études prioritaires
Aussi, le prochain recensement global de la population va permettre de rassembler les données de divers domaines afin de délimiter des relations dynamiques et complexes qui existent entre l’habitat et sa conception architecturale, la politique urbaine, les mutations socioculturelles, la croissance démographique, le marché du logement, les contraintes économiques, les préoccupations environnementales, les risques majeurs et même les performances technologiques des matériaux de construction.
Pour concrétiser les engagements de l’Etat en la matière, le lancement de l’opération de recensement va servir de base d’études à l’élaboration d’une nouvelle
politique qui va s’appuyer sur la nécessité d’améliorer les performances de la politique de l’habitat en agissant sur la diversification des méthodes de financement et des segments d’offres, l’amélioration de la politique de gestion des villes, la finalisation et révision des instruments d’urbanisme, et la maîtrise du problème de la disponibilité et de la qualité des assiettes foncières.
Entretemps, les efforts de l’Etat vont bon train. Preuve étant que le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Mohamed Tarek Belaribi, a affirmé que plus de 700.000 logements, toutes formules confondues, ont été distribués depuis 2020 au profit de plus de 3 millions de citoyens. Il a précisé que cette démarche a porté le taux d'occupation par logement à 4,7 personnes. Ce nombre, jugé considérable, de logements livrés ces deux dernières années, est une ‘‘preuve évidente’’ de la nouvelle stratégie de développement adoptée par l'Etat et de son «caractère social». Pour permettre d’accélérer davantage le rythme de production de logements, les pouvoirs publics ont ouvert aux entreprises étrangères le marché algérien. Ils ont également décidé de poursuivre l’effort à travers des réformes visant des performances plus efficientes.
Le caractère pluridimensionnel de l’habitat rend important le recensement
Il faut dire que ce secteur soulève un certain nombre de contraintes qui freinent son élan. On peut citer l’inadéquation entre le rythme de production et l’offre de logements, la croissance infinie de la demande, les retards de réalisation et de livraison des nouveaux logements, la prolifération de l’habitat précaire, l’urbanisation anarchique ou encore la dégradation du parc immobilier existant. Il y a également le manque d’équipements collectifs, l’accroissement des mobilités pendulaires, la saturation du foncier urbanisable, le manque d’espaces verts et de lieux de divertissement, la pollution, la mauvaise gestion des déchets, la vulnérabilité aux risques majeurs et autre surconsommation des énergies non renouvelables.
En outre, la pression sur les pouvoirs publics continue, en partie, à cause de la politique de suppression des bidonvilles combinés aux situations d’urgences émanant des destructions induites suite aux désastres naturels. L’article 9 du décret exécutif n°2008-142 considère les habitants des bidonvilles et les victimes d’aléas naturels comme étant prioritaires, ce qui leur permet de bénéficier d’un logement sans suivre la procédure réglementaire habituelle. Cette démarche, bien que nécessaire, a engendré le développement de certaines manœuvres incitant à la prolifération des baraques insalubres dans le but d’accéder plus facilement et plus rapidement à un logement. D’autre part, elle a occasionné plusieurs retards dans les délais d’attribution d’un logement aux personnes figurants déjà sur les listes d’attente. Dans l’obligation de patienter plus longtemps, ces personnes ont dû s’orienter vers un marché de location, qui pourtant leur est peu accessible, du fait de sa cherté. La spéculation immobilière est effectivement un phénomène qui pénalise lui aussi le secteur de l’habitat en Algérie.
Comment stabiliser la demande et gérer le logement inoccupé ?
C’est à partir de là, que le constat a été fait. La question du logement ne dépend pas uniquement du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, une approche intersectorielle s’imposait afin de déterminer comment harmoniser les interventions des différentes institutions et des différents départements.
Il faut rappeler qu’un des objectifs primordiaux de la politique de l’habitat en Algérie consiste à généraliser le droit de propriété du logement familial, contenu dans la Constitution. L’une des caractéristiques de la question du logement et de l’habitat réside dans son caractère pluridimensionnel, d’où l’importance du recensement qui va répondre à des questionnements permettant de procéder à une analyse approfondie de l’évolution des politiques urbaines et de leur redéploiement en fonction de facteurs économiques et sociologiques globaux.
Amel Zemouri