
Le sixième Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) va permettre de cerner les indicateurs de la structure démographique de l’Algérie. Selon les déclarations du Premier ministre, le but de cette opération est de «donner une nouvelle dimension de développement pour le citoyen dans les plans de croissance socioéconomique».
Une vision partagée par le sociologue et professeur d’université Zoubir Aroussi, qui va plus loin en affirmant que l’importance du recensement démographique régulier de la population est «stratégique». Cela, dans la mesure où il permet à n’importe quelle société de fournir des informations sur les caractéristiques de sa population : âge, profession, moyens de transport utilisés, conditions de logement, … De même qu’il prend en compte les politiques de développement local en matière de «répartition des infrastructures de base dans des secteurs extrêmement importants, tels que l’éducation, les loisirs ou la santé…», a-t-il indiqué.
L’importance de cette opération réside également dans le fait que les données statistiques qui en découlent «permettent de définir les politiques publiques nationales». Elles peuvent à titre d’exemple renseigner l’Exécutif sur les équipements et les infrastructures publics et collectifs à prévoir pour la population.
Ainsi, c’est à partir de ces indicateurs qu’il sera possible «d’identifier les besoins économiques, sociaux et culturels, dans l’optique de répondre de façon adéquate à ces attentes», a indiqué l’expert. C’est également le cas pour la question de la démographie qui se répercute automatiquement sur la dimension sociale, précise Zoubir Aroussi, qui a fait savoir que les dernières études menées dans ce sens établissent «l’allure exponentielle de l’augmentation de la population». Aussi, sachant que le volume de la population est sans doute amené à croître davantage d’après les prévisions des spécialistes du domaine, il sera question, via ce recensement, de cerner les besoins et les ressources afin d’assurer aux citoyens un cadre de vie décent répondant à leurs attentes», a-t-il signalé. Les dernières données démographiques ont en effet révélé que le nombre d'habitants de l'Algérie est passé à 43,9 millions le 1er janvier 2020, contre 43,4 millions le 1er janvier 2019, selon l’Office national des statistiques (ONS) qui prévoit une augmentation de quelque 500.000 habitants pour 2022.
En conséquence, l’universitaire a estimé qu’à travers ce nouveau recensement, «le gouvernement escompte, dès maintenant, anticiper la prise en charge des aspirations de la population».
Garantir une prise en charge optimale des besoins croissants de la population et assurer un meilleur service public
Par ailleurs, il est prévu que le prochain recensement innove dans sa manière de procéder, en introduisant l’outil informatique, comme l’a annoncé récemment le ministre de la numérisation et des statistiques, qui a évoqué l’usage de tablettes numériques préalablement programmées, à l’effet de récolter et traiter instantanément les informations ciblées par le recensement.
Le recours à ces tablettes (57.000 unités seront acquises), en lieu et place des formulaires traditionnels, est censé assurer une plus grande rapidité du traitement des informations collectées, ainsi qu’une meilleure fiabilité des résultats. Cette nouvelle façon de procéder permettra de fournir des statistiques sur divers indicateurs socio-économiques et culturels, «qui aideront les autorités à prendre des décisions conformes à la réalité et donneront une impulsion au développement du pays», a déclaré le ministre.
Pour ce qui concerne la durée de l’opération de recensement, elle ne devrait pas excéder un mois, précise une source proche de l’ONS et les premiers résultats relatifs à la démographie et à l’habitat publiés à peine six mois après grâce à l’outil informatique, est-il également affirmé. Pour le Directeur général de l'ONS, la préparation du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) doit être «minutieuse» pour des «résultats qui garantissent une meilleure planification de la politique générale du pays». Ceci, «outre la prise de décision à tous les niveaux, ce qui garantira une prise en charge optimale des besoins croissants de la population et assurera un meilleur service public», a-t-il tenu à rappeler. C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’un programme de formation initié par le ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire a été lancé au profit des présidents des Assemblées populaires communales (APC) «pour leur permettre d’acquérir les connaissances nécessaires leur permettant de saisir tous les aspects de gestion des affaires locales et des principaux dossiers qui leur sont soumis».
D'une durée de six semaines, ce programme de formation comprend neuf thèmes liés principalement à l'organisation et au fonctionnement de la commune, aux programmes de développement local et marchés publics, à l'état civil, à la mobilité des personnes, à la gestion des ressources humaines et à la fonction publique, à la gestion et la prévention des risques et au dossier de la communication.
Les élus ont ainsi été invités à consulter tous les textes juridiques et réglementaires pour réaliser «une meilleure performance au service du citoyen» et ont été sensibilisés à «l'importance d'intensifier les sorties de terrain pour le suivi des différents projets, notamment sectoriels».
Amel Zemouri