Rapport de la Banque mondiale de suivi de la situation économique, taxe carbone aux frontières : une double opportunité pour l’Algérie

La Banque mondiale estime que la taxe CBAM constitue une opportunité pour les entreprises nationale, afin de «verdir» la production, en la rendant plus écologique.

Dans son rapport semestriel de suivi de la situation économique de l’Algérie, rendu public jeudi, la Banque mondiale a préconisé l’adaptation de l’Algérie au processus mondial de dé-carbonisation des processus de production, rendue nécessaire par l’entrée en vigueur au sein de l’Union européenne (UE), à partir du 1er janvier 2026, du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, plus connu sous l’acronyme anglais CBAM (Carbon Border Adjustment Mechanism). En effet, le CBAM impose de taxer chaque tonne de carbone contenue dans les produits importés par l’Union européenne de la même manière qu’elle est taxée au sein de l’UE, dans une politique visant la protection de l’environnement et la réduction des industries polluantes.

Ce mécanisme va s’appliquer progressivement, à compter du début de l’an 2026, mais anticiper son application serait avantageuse pour l’Algérie à plus d’un titre, estime le rapport. D’une part, il faut savoir que plusieurs «produits CBAM», c’est-à-dire les produits touchés par la taxe carbone, sont exportés ou en voie d’exportation par l’Algérie. Il s’agit notamment du ciment, de l’acier, du fer et des engrais, en attendant bientôt l’aluminium et l’électricité. Vu que le processus de fabrication de ces produits provoque des émanations de carbone, car produits à partir de gaz et de dérivés du pétrole, l’Union européenne exige qu’ils soient soumis à des taxes.

Cependant, souligne le rapport, l’Algérie peut en tirer profit puisque ces taxes ne sont pas payables obligatoirement aux frontières de l’Union européenne. Elles peuvent, en effet, être réglées au profit du pays de départ, en l’occurrence l’Algérie. Ainsi, si l’Etat algérien fait payer ces taxes-carbone au départ, c’est-à-dire lorsque lesdites marchandises sortent des zones d’exportation, il engrangerait des recettes fiscales substantielles. Ainsi, puisque la taxe-carbone pour certains produits est imposée pour le marché de l’Union européenne, autant en faire profiter le Trésor public. Cependant, même si ces taxes renfloueront les caisses de l’Etat, elles ne constitueront pas moins un handicap pour la compétitivité des produits concernés puisque la taxe, qu’elle soit payée à l’Etat algérien ou à un Etat de l’Union européenne, sera impactée sur leurs prix.

Sachant que les produits CBAM dominent les exportations hors-hydrocarbures de l’Algérie, les entreprises qui les produisent doivent procéder aux adaptations nécessaires pour que les processus de production soient moins polluants. C’est pour cela que la Banque mondiale estime que la taxe CBAM constitue une opportunité pour les entreprises nationales pour «verdir» la production en la rendant plus écologique et, ainsi, diminuer (et éliminer à terme) les coûts de la taxe CBAM. Bien sûr, il existe une autre alternative au paiement de la taxe CBAM : trouver des marchés autres que le marché de l’Union européenne où on n’impose pas de taxe pour l’environnement. C’est une solution, certes, à plus forte raison dans un contexte économique où l’Etat algérien encourage non seulement la diversification de l’économie, mais aussi la diversification des débouchés et des marchés.

Cependant, le marché de l’Union européenne reste important et il existe des pays membres, notamment l’Italie, qui sont des partenaires commerciaux privilégiés de l’Algérie, d’où la nécessité de s’adapter à ce marché en ajustant les processus de fabrication. Ainsi, selon le rapport de la Banque mondiale, l’avènement de la taxe CBAM constitue pour l’Algérie une source de recettes fiscales pour que cette taxe n’aille pas dans les caisses d’un pays destinataire de l’Union européenne et aussi une opportunité intéressante pour adapter ses processus de fabrication et de production aux normes écologiques de l’UE afin que les prix de ses produits soient compétitifs sur ce marché important.

L’Algérie peut en tirer profit, puisque ces taxes ne sont pas payables obligatoirement aux frontières de l’Union européenne. Elles peuvent, en effet, être réglées au profit du pays de départ, en l’occurrence l’Algérie.

F. A.

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