
Le professeur de droit constitutionnel à l'université d'Alger II, Rachid Lourari, estime que le référendum du 1er novembre n’a pas eu lieu à temps et a expliqué que cette situation est justifiée par la crise sanitaire due à la Covid-19. Il assure que la nouvelle loi fondamentale constitue une nouvelle base d'une Algérie forte et démocratique. Invité au Forum de la presse, organisé conjointement par le quotidien économique Le Maghreb et le site web dzertec24, le spécialiste s’est exprimé sur le phénomène de l'abstention et a indiqué que le faible taux de participation aux élections n’est pas une spécificité algérienne.
«C’est un phénomène qui se produit dans tous les pays, y compris dans les plus grandes démocraties», a-t-il assuré, attribuant cette abstention à trois raisons principales. Il y a d’abord le manque de conviction ou de l'utilité du vote comme outil de changement chez les citoyens à cause des pratiques antérieures qui ont généré cette impression sur une partie de la société. «La deuxième raison tient au sentiment d'incompétence de la classe politique, notamment après le 22 février 2019, date du début du Hirak, et enfin la troisième raison est liée à une large partie de l'électorat qui n’a pas eu des explications suffisantes sur le projet de la révision constitutionnelle en se contentant des sujets secondaires», a soutenu Lourari. Ce dernier regrette les dépassements commis par certains lors de leurs interventions durant la campagne référendaire. «On passe par une période difficile, on n’a pas besoin de personnes qui jettent de l’huile sur le feu. L'Algérie n'est pas une propriété personnelle, elle appartient à tout le peuple avec toutes les différences d'opinion et de culture qu'elle porte», a-t-il observé. Le professeur en droit constitutionnel salue la participation de la société civile dans l’organisation du référendum «ce qui est un première pour notre pays» alors que par le passé, elle était, selon lui, quasi absente. «Une participation à travers laquelle, il a été possible de combler le vide et l’insuffisance constatés dans les différents scrutins organisés par le passé», a-t-il souligné.
Interrogé sur l’implication des formations politiques, Lourari regrette «la mise à l’écart» des partis de l’opposition qui ont appelé à voter «Non» à l’amendement et considère qu’il aurait été préférable de «favoriser un débat contradictoire». «Mais grosso-modo, le référendum s’est déroulé dans des conditions normales si ce n’est quelques cas isolés où l’ANIE a saisi la justice», a-t-il noté. Après l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution, l’expert évoque le grand défi qu’on doit relever, à savoir l’application rigoureuse sur le terrain des nouvelles lois. «On n’a pas besoin d’apporter des modifications à une Constitution si on ne prévoit pas d’appliquer les changements.
C’est la problématique qui va se poser à l’avenir, soit la capacité des pouvoirs publics à concrétiser cette Constitution sur le terrain», affirme Lourari.
Mohamed Mendaci