
«Depuis quelques semaines, il y a une décrue des cas de Covid-19, ce qui est apprécié autant par la population que par le secteur de la Santé», a indiqué le Pr Mahyaoui, membre du Comité scientifique de suivi de la pandémie de Covid-19.
Entretien réalisé par Soraya Guemmouri
El Moudjahid : La situation épidémiologique est marquée par une décrue appréciable. Quelle est votre lecture?
Pr Mahyaoui : Honnêtement, on s’en réjouit ; parce qu’en fin de compte cela est le fruit de la stratégie payante qu’a adoptée l’Algérie dans la lutte contre la pandémie de Covid 19. Je tiens à souligner l’harmonie qui existe dans la prise en charge, dans la prise de décision et dans l’aide à la prise de décision entre les autorités du pays et les scientifiques représentés par le Comité scientifique. Ceci est une première en Algérie en matière de collaboration politico-scientifico-médicale et je suis persuadé que c’est, là, un début de changement dans les prises de décision en matière de sécurité sanitaire et en matière de lutte contre les épidémies qui, je pense, seraient à l’avenir une menace permanente dans ce monde moderne.
A la faveur de cette amélioration, pourrait-on s’attendre à d’autres levées des mesures de restrictions, notamment en ce qui concerne la prière des Tarawih ?
On a toujours dit que la question de la lutte contre cette pandémie est multisectorielle. Il y a des choses qui relèvent de différents secteurs en commun accord avec les scientifiques. On en parle actuellement et il y aura, probablement, des décisions qui devraient être annoncées, très prochainement, par le ministère des Affaires religieuses et des Waqfs. Il est normal qu’eu égard à l’amélioration constante de la situation épidémiologique et, aussi, avec l’ouverture constatée dans beaucoup de secteurs d’activité, le secteur des Affaires religieuses puisse lui aussi bénéficier de mesures d’allégement. Ceci est fort probable, d’autant plus qu’il y a eu récemment l’annonce de la reprise de la Omra. Les voyages aux Lieux- Saints seraient éventuellement un jalon dans la prise de décision. Je suis confiant et je pense qu’il y aura, bientôt, une évolution des choses. Il est toujours utile de rappeler qu’au regard de la situation épidémiologique, l’année dernière, les imams étaient appelés à alléger la prière des Tarawihs, de manière à ne pas dépasser les trente minutes.
Est-on en mesure d’affirmer que la fin de la pandémie est pour bien- tôt ?
Tout ce qu’on peut dire, à l’heure actuelle, c’est qu’on est sorti de cette quatrième vague. Je pense qu’on va bientôt arriver, dans notre pays —c’est notre souhait du moins— à Zéro cas par jour, sachant qu’on est déjà arrivé à Zéro décès. Cependant, il faut faire preuve de prudence et de vigilance, surtout qu’il y a, en ce moment, une recrudescence dans d’autres pays, comme c’est le cas en Chine et en Europe. En somme, il est nécessaire de rester extrêmement vigilant tant que la menace existe dans un pays sur cette planète. C’est pour cela que l’OMS a appelé à une équité en matière de prévention, de moyens de prévention et en matière de vaccination pour que la planète entière soit protégée contre cette pandémie, qui concerne tous les pays du monde, qui devraient être solidaires dans la distribution des moyens de lutte, depuis les moyens de protection jusqu’aux vaccins en passant par les médicaments et le traitement recommandé. Ce n’est qu’à ce prix qu’on pourra dire que le monde va se débarrasser, une fois pour toutes, de cette pandémie.
En attendant, la vigilance reste de mise, n’est-ce pas ?
Personnellement, même s’il y aura zéro cas dans notre pays, je garderai toujours mon masque dans les lieux où je jugerai qu’ils pourraient être éventuellement contaminants, en particulier au niveau des espaces où il y a trop de monde sans distanciation. Je porterai mon masque aussi dans les lieux où il n’y a pas assez d’aération. J’éviterai autant que possible d’aller dans les endroits fermés où il y a beaucoup de monde. Voici, en gros, les bonnes habitudes à pérenniser. Tant que la pandémie existe, Il faut porter son masque. Par ailleurs, j’appelle ceux déjà vaccinés à aller faire leur troisième dose, d’autant que le constat établi est que le taux de la troisième dose est extrêmement faible, alors que celle-ci est très importante pour les citoyens vaccinés en général et pour les personnes ayant des maladies chroniques, les personnes âgées et toutes celles qui ont une immunité fragile, en particulier. Ceux-là doivent, impérativement, se rendre aux centres de vaccination pour bénéficier de la troisième dose, ce qui les protégerait davantage contre le virus.
S. G.