
Les instructions dans les enquêtes anti-corruption se poursuivent auprès des chambres du pôle pénal financier et économique du tribunal de Sidi M’Hamed, depuis le début du ramadhan, même si des procès anti-corruption n’ont pas été programmés depuis le début du mois du jeûne.
Il faut dire que le pôle financier, depuis sa création, après l’annulation du principe de privilège de juridiction, se retrouve en charge d’un grand nombre d’affaires dans lesquelles sont impliqués d’anciens hauts responsables.
Les juges d’instruction des Chambres du pôle pénal financier et économique sont sur le qui-vive. Même les jours de week-end sont mis à profit pour avancer dans les très nombreux dossiers en cours, près de 35 affaires sont toujours en instruction comme celle de l’homme d’affaires, Hocine Metidji, patron du groupe spécialisé dans les produits céréaliers. Ce dernier est en détention provisoire avec son fils, ainsi que l’ancien directeur du protocole de la Présidence, Mokhtar Reguieg, l’ancien directeur général de l’OAIC, Mohamed Belabdi, et l’ancien chef de cabinet de l’ancien ministre, Abdelwahid Temmar.
Hocine Metidji est poursuivi pour plusieurs chefs d’inculpation, dont le transfert illicite de capitaux vers l’étranger, «blanchiment d’argent», financement illicite de la campagne électorale, complicité de dilapidation de deniers publics, trafic d’influence sur des agents publics dans le but d’obtenir d’indus avantages et violation de la réglementation des marchés publics.
Le reste des prévenus sont, quant à eux, poursuivis pour trafic d’influence, octroi d’indus avantages, abus de fonction et violation de la réglementation des marchés publics. Selon notre source, l’instruction est en phase de finalisation.
De même pour l’affaire du Groupe Condor où une quarantaine de personnes et six sociétés appartenant à la famille Benhamadi sont poursuivies pour blanchiment d’argent et transfert de biens obtenus par des faits de corruption à l’effet d’en dissimuler la source illicite dans le cadre d’un groupe criminel, dilapidation et utilisation de fonds de banque, incitation d’agents publics à exploiter leur influence effective et supposée dans le but de bénéficier d’indus privilèges, financement occulte de partis politiques, violation de la réglementation des marchés publics, abus de fonction délibéré à l’effet d’octroi d’indus avantages à autrui, passation de contrats en violation des réglementations en vue d’accorder d’indus privilèges à autrui et dilapidation de deniers publics. Idem pour l’affaire de l’homme d’affaires, Laid Benamor, patron du Groupe Benamor en détention avec son frère, depuis février 2020, et pour laquelle l’ancien ministre Abdelwahid Temmar (en tant que wali) est poursuivi avec Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia pour abus de fonction, trafic d’influence, perception d’indus avantages, exploitation illégale de terres agricoles, dilapidation de deniers publics, blanchiment d’argent et violation de la réglementation de change.
Des anciens ministres et walis ont comparu devant le juge d’instruction dans le cadre des auditions sur le fond, dont deux anciens ministres des Travaux publics, Abdelkader Kadi, Amar Ghoul et Abdelghani Zaalane, en détention pour d’autres affaires de corruption.
De nouvelles affaires en instruction
Alors que les juges d’instruction s’attèlent aux auditions sur le fond et l’examen des expertises, notamment l’affaire Sonatrach et celle de l’ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, d’autres instructions dans de nouvelles affaires ont été ouvertes, notamment celle de l’ancien député et homme d’affaires, Abdelmalek Sahraoui, en détention provisoire.
Par ailleurs, l’ancien wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, a comparu devant le Parquet dans une nouvelle enquête sur le projet de la grande-roue à la promenade des Sablettes, de même que l’ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh. Il serait mis en cause dans une nouvelle affaire liée aux législatives de 2017.
Les juges d’instruction chargés des affaires anti-corruption ont sur leurs bureaux également l’affaire Sonatrach dans laquelle est mis en cause Chakib Khelil, avec son conseiller financier, Farid Bedjaoui, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par l’Algérie. L’affaire concerne l’ancien Pdg, Mohamed Meziane, et deux de ses collaborateurs, Abdelhafidh Feghouli et Abbès Boumedienne, mais également Chakib Khelil, accusé dans trois autres dossiers.
Par ailleurs, l’instruction relative aux conditions d’octroi des marchés dans le secteur de l’hydraulique au groupe Amenhyd appartenant aux frères Chelghoum se poursuit.
D’autres enquêtes judiciaires dans lesquelles sont cités également Abdelmalek Sellal, Boudjemaâ Talai, Abdelghani Zaalane, Abdelwahab Nouri, Mahdjoub Bedda, Mustapha Rahiel directeur de cabinet de Sellal et plusieurs walis, dont Abdelkader Zoukh, Abdelkader Kadi, ne sont pas encore achevées. D’autres affaires sont toujours en instruction, celle de Hamid Melzi, ancien directeur général de la résidence d’Etat Sahel et de Samira Hadj djilani, ancienne directrice au ministère de la Culture, qui avait obtenu en tant que productrice privée un budget colossal pour la réalisation du film Ahmed Bey, dans le cadre de la manifestation «Constantine, capitale islamique», pour laquelle l’ancien ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a été auditionné en tant que
témoin.»
Il convient de signaler que les enquêtes judiciaires diligentées ont nécessité de nombreuses séances d’instruction qui passent nécessairement par l’audition des accusés et des confrontations, ainsi que l’examen des expertises.
Neila Benrahal