
«La décision du Président Tebboune qui donne accès aux jeunes au logement est un excellente nouvelle», affirme le Pr Madani Safar Zitoun, enseignant de sociologie et économie urbaine à l’université Alger 2, précisant que cette option a toujours été prônée par les spécialistes de l’urbanisme.
En effet, comme il le signalera, les stratégies mises en œuvre dans le secteur de l’habitat ont toujours été destinées aux familles et franges défavorisées de la population. Il relève que l’accès à la propriété a toujours priorisé l’aspect social. «Celui-ci était géré par un système de points et obéissait à un barème qui excluait systématiquement cette frange de la population. Cette révision de la politique de l’habitat est absolument inédite. Le fait qu’on pense aux jeunes est une très bonne chose, ceci d’autant que, selon lui, c’est l’une des entraves qui les poussait à s’exiler, ne trouvant pas de place, ni de formule leur étant destinées, réservées aux couches démunies, dont les jeunes ménages et cadres universitaires en sont exclus», explique-t-il,
Pour l’expert, la révision de la politique de l’habitat est judicieuse. «Il fallait, poursuit-il, trouver un moyen de ne pas pénaliser les cadres universitaires et autres enseignants. Un système qui ne les a pas inclus dans la location. C’est-à-dire, les jeunes couples algériens qui sortent de l’université, qui éprouvent énormément de difficultés à s’installer en famille indépendante, s’engagent dans le nouveau processus de reconstruction de l’économie et de la société. Il fallait se donner les moyens d’une politique d’habitat courageuse, c’est-à-dire inclusive et moderne, et c’est ce qu’a fait le Président Tebboune».
Poussant plus loin la réflexion, il affirmera qu’on ne peut demander à de jeunes ménages de s’impliquer activement dans la construction d’un nouveau projet politique dans leur pays, si on ne produit pas les conditions de leur affranchissement par rapport à la promiscuité résidentielle, par rapport à la tutelle et au contrôle de leurs parents.
Pour lui, toutes les analyses sociologiques tendent vers le fait que le logement doit devenir un instrument de libération des énergies et non pas un élément de blocage du projet de vie et de peur de l’avenir.
Dans cette optique, le Pr Madani Safar Zitoun signale le fait que depuis l’indépendance de l’Algérie, le logement locatif s’est grandement rétréci et les différentes politiques se sont axées sur l’octroi de logement aux nécessiteux et franges prioritaires, contrairement à ce qui se fait ailleurs, notamment dans les pays développés qui multiplient les formules d’aide à la location pour les jeunes couples. Que ce soit par la construction de logements qui leur sont spécialement destinés ou l’octroi de primes et d’aides à la location, ceci leur permet de s’affranchir et de s’affirmer dans la société, comme il le dira, saluant encore une fois, la prise de position du président Tebboune envers les jeunes.
Évoquant la livraison de nouveaux logements aux jeunes, l’universitaire fait remarquer que les logements sont désormais attribués à des jeunes de 25-26 ans, alors qu’au lancement des programmes AADL 2, en 2013, la moyenne d’âge des bénéficiaires était de 55 ans. «Cela démontre bien que le secteur de l’habitat est aujourd’hui au diapason de l’évolution démographique en Algérie», se félicite-t-il.
Notre interlocuteur salue également la cadence de réalisation des différents programmes de logements, tout en rappelant que le ministère de l’Habitat est le premier département ministériel à avoir numérisé les procédures d’inscription, d’examen et de suivi des demandes des citoyens.
Pour rappel, le secteur de l’habitat en Algérie connaît une grande dynamique, avec des projets de grande envergure qui ont permis la distribution de plus de 920.000 logements entre 2020 et 2022.
Des efforts sont actuellement en cours pour atteindre l’objectif de 1 million de logements distribués avant 2024. Actuellement, 700.000 unités, toutes formules confondues, sont en cours de réalisation. Ce bilan a permis d’alléger la charge sur la demande de logement à l’échelle nationale.
Amel Zemouri