De notre correspondante : Chahinez Ghellab
Le Maoulid Ennabaoui ou «Mouloud» en dialecte algérien, est l'occasion pour les familles de se réunir, souvent dans la maison des grands-parents autour d'un repas traditionnel et dans un climat convivial d’échanges et de partage.
A Ouargla, les rites festifs soulignent l'importance de l'événement. Pour manifester l’amour porté au Prophète Mohamed (QSSSL), se rappeler ses actes et ses paroles (hadiths), chaque quartier,
à l’exemple du K’sar et du Arch, maintient sa propre tradition festive. Ils perpétuent ainsi leurs coutumes ancestrales alliant art culinaire, le renforcement des liens familiaux, entre solidarité et recueillement. Ce qui a distingué les célébrations de la fête cette année des précédentes, c’est l’absence de tables et étals vendant les produits pyrotechniques, notamment les pétards et les flambeaux qui envahissent, d'habitude, les rues principales et secondaires de la ville, quelques jours avant la nuit du Mouloud.
Malgré cela, le climat festif se fait sentir dans tous les foyers de la ville. Les femmes se précipitent pour acheter les aliments nécessaires des marchés et des grandes surfaces. Certains le font depuis chez eux à travers les réseaux sociaux qui offrent des produits alimentaires et décoratifs de toutes sortes. Des pages spéciales gâteaux faits maison à emporter, d'autres offrent des pains, du Chakhchoukha,Tamina et Rfis joliment décorés pour l'occasion. On y trouve également des vendeurs de bougies personnalisées en plus des accessoires de décor comme les étiquettes, les guirlandes, serviettes et les brûleurs de bougies. Décoration importante chez certains pour créer une atmosphère appropriée pour la célébration, nous affirme Sarah, une femme au foyer qui considère la célébration du Mawlid extrêmement importante. CélébréE le 12 Rabia al Awal de chaque année, le 3ème mois de l’année Hégire du calendrier lunaire, cette fête religieuse jouit d'une ambiance spirituelle et familiale très spéciale dans la région. Pour Dada Malika, présidente de l'association Culture et Patrimoine, et une des conservatrices des traditions locales, la célébration de la naissance du prophète est l'une des occasions que la famille ouarglie tient à commémorer, en préparant des plats traditionnels connus dans la région, comme la Chakhchoukha, El mssegui, tagdourt, oualane et sefouf.
Le secret dans le maintien de cette fête, réside dans la réunion de famille. Pendant la veillée du Mouloud, tous les frères et sœurs se réunissent chez les grands-parents,
ou la grande maison, comme l'appellent la plupart des gens. Le matin du Mawlid, les femmes procèdent à faire une touiza. Elles commencent tôt le matin à collecter de l'argent des membres de la famille, chacun donne ce qu'il peut. La somme amassée sert à acheter les aliments nécessaires pour la fête, raconte Dada Malika.
Les femmes préparent une variété de plats traditionnels du terroir qu'elles conservent et auxquels elle adhère encore, souligne t elle.
Le plat de Cherchoukha ou rougueg, à la sauce sucrée, reste le favori des familles en cette occasion, nommé chez les habitants du K’sar “Takliftazdat”. Du jus des dattes écrasé dans l'eau est ajouté à la sauce pour lui donner un goût sucré, c'est ce qui fait sa particularité. C'est l'un des plats les plus délicieux localement.
On trouve également le Sfouf et le Tagdourt. Se sont d'anciens gâteaux traditionnels qui caractérisent la région de Ouargla, notamment les habitants de la casbah.
Quant à Sfouf, c'est une recette faite de semoule torréfiée à laquelle sont ajoutées du Ghars (pâte de dattes) et du gras (dhan arabe), un beurre extrait du lait de brebis, en plus d’Al Klika. Un type de fromage extrait du lait de chèvre séché et qui a une forte odeur. Tous les ingrédients sont mélangés pour réaliser ce gâteau qui sera offert à tous les membres de la famille après le dîner.
Le Tagdourt, connu dans certaines régions sous le nom de Tamina. Il est préparé à base de ghars de datte, farine de blé ou “amendi” et pétri avec du beurre de brebis et Al klila.
Il est formé en boulettes et offert pour accompagner le thé à la menthe en fin de soirée, parsemé de Aouane, fèves grillées dans le sable.
Les hommes se rassemblent dans les mosquées et suivent les discours racontant la vie du prophète et pour rappeler l'importance de son message pour l'humanité et pour exprimer leur amour et leur gratitude envers lui.
Pendant la nuit, des petites bougies fines sont allumées dans chaque chambre et dont la flamme vacillante éclairait la veillée du mouloud ennabaoui.
C. G.
