
Faut-il vraiment s'offusquer du fait que la candidature de l'Algérie n'a pas été retenue au sein du club des Brics ? Bien sûr que non, plaident les experts avertis.
«C’est même une bonne nouvelle !» s'exclame l'expert et analyste boursier, Nourreddine Legheliel, qui se dit aussi «très sceptique quant à l'aboutissement du projet des Brics», arguant des enjeux commerciaux à l'échelle internationale «que l'Occident, les USA en tête, domine, et ne tolérera point que sa suprématie soit remise en cause». Une suprématie qui a encore de beaux jours devant elle, préconise encore notre interlocuteur, en rappelant certaines réalités économiques et commerciales «attestant indéniablement de la dépendance des pays des Brics du financement de l'Occident». Que l'on en juge. «La Chine, qui est considérée comme le moteur de ce club, a acquis pour 856 milliards de dollars de bons du Trésor américain à titre d'emprunts remboursables», a affirmé notre interlocuteur, précisant que 249 compagnies chinoises sont cotées à la Bourse américaine. Autre élément non moins important qu'il faudrait souligner, la monnaie chinoise, le yuan, a chuté de 9%, ces dernières années, face au dollar, a encore relevé l'expert. Concernant l'Inde, le constat de dépendance de l'Occident est encore plus accentué. «L'Inde, qui est considérée comme le maillon faible du club des Brics tire sa croissance économique presque totalement des investissements étrangers et de l'endettement», a affirmé l'expert. «236 milliards de dollars de bons du Trésor américain sont empruntés par l'Inde, 17 de ses compagnies sont cotées en Bourse US, et quant à sa monnaie, la roupie, elle a chuté de 28% face au dollar, ces cinq dernières années», dit-il. «Durant cette même période, le real, monnaie brésilienne, a aussi perdu 32% de son influence face au dollar américain qui restera donc supérieur pour plusieurs années, voire des décennies à venir», a encore ajouté notre interlocuteur, révélant, là encore, la dépendance de l'économie du Brésil de l'Occident, plus particulièrement les USA, où elle a été créditée en 2022 de 38 milliards et dollars en bons du Trésor. Si le Brésil compte 27 compagnies économique cotées en Bourse US, celles de l'Afrique du Sud, cet autre pays des Brics, s'élèvent à 47, a encore fait savoir notre interlocuteur. «Autant de facteurs de dépendance qui renseignent à quel point le monde occidental, l'administration américaine en tête, dispose d'éléments de chantage qu'il peut exercer à sa guise sur chacun des pays des Brics», a certifié l'expert Legheliel, qui souligne par ailleurs qu’«avec le monde occidental, l'Algérie entretient des liens économiques et des échanges commerciaux de loin plus importants que ceux la liant aux pays des Brics». À titre d'exemple, «avec la Russie, nos échanges commerciaux oscillent autour de 3 milliards de dollars, avec la Chine nos exportations se sont élevées à quelque 600 millions de dollars en 2022 ; et il ne faut pas perdre de vue que les exportations de l'Algérie vers l'Italie durant cette même année ont été de 12 milliards de dollars».
Karim Aoudia