
Lors du sommet de Johannesburg, la récente assemblée des BRICS, réunissant cinq des plus grandes économies émergentes – le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud –, a provoqué une réaction en Algérie. Toujours en quête d'une place prépondérante sur l'échiquier africain. Les BRICS ont révélé l'admission de six nouveaux membres dès janvier 2024, à savoir l'Argentine, l'Égypte, l'Éthiopie, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Ces onze pays, combinés, contribuent à près de 30% du PIB mondial, 40% de la population mondiale et aspirent à forger un nouvel ordre mondial plus bénéfique pour eux par rapport au système actuel.
Toutefois, au-delà des critiques et du refus de la candidature algérienne au sein des BRICS, il est crucial de mettre toutes les cartes sur la table et de faire face à la réalité. Il s’agira donc de se réinventer et de forger un nouveau chemin qui tient compte des dynamiques changeantes de notre monde interconnecté. Plutôt que de voir cette réunion des BRICS comme un révélateur de faiblesses, elle pourrait être le catalyseur dont l'Algérie a besoin pour entamer une transformation économique profonde et durable.
Il est impératif de démarrer sans tarder les projets essentiels liés à la numérisation bancaire et fiscale. Ces initiatives devraient être supervisées par des spécialistes reconnus à l'échelle internationale, à qui l'on doit donner toute la marge de manœuvre nécessaire pour accomplir cette tâche complexe.
De plus, face aux crises ayant révélé des vulnérabilités significatives, un audit interne de l'administration est incontournable. Dans une perspective récente, le Président a formulé plusieurs directives, pour dynamiser et optimiser la réalisation des initiatives nationales. Cependant, sur le terrain, nos analyses révèlent une mise en application parfois discordante avec ces directives. L'Algérie est aujourd'hui à un carrefour où repenser sa stratégie territoriale devient primordial. Toutefois, le financement de ces changements demeure un défi, particulièrement pour les régions aux ressources limitées.
Elles doivent désormais envisager d'autres sources de revenus, plutôt que de se reposer uniquement sur les subventions étatiques. Une diversification vers des revenus issus de la fiscalité, de l'exploitation foncière et de la TVA semble inévitable.
Assurer une certaine autonomie financière à ces régions pourrait alléger la charge sur les caisses de l'État, lui permettant ainsi de respirer. Seul l'avenir nous révélera si l'Algérie profitera de cette opportunité, surtout avec la tenue du sommet des BRICS en Russie, l'année prochaine. Toutefois, une réalité s'impose : l'Algérie est à un tournant décisif, et les choix opérés aujourd'hui détermineront son destin pour les années à venir. Le pétrole ne pourra bientôt plus subvenir aux besoins des 45 millions d'Algériens.
Il est donc impératif d'explorer et de mettre en place d'autres moyens, pour redresser et stabiliser l'économie du pays.
La compétence individuelle, aussi essentielle soit-elle, ne peut plus opérer isolément. Elle a besoin de s'intégrer dans un ensemble plus vaste, pour mener le pays à la prospérité. Dans cette vision rénovée, chaque nuance a son importance, chaque pièce du puzzle contribue à l'édification d'une Algérie forte et durable. Toutefois, le chemin vers le progrès est souvent jalonné de défis, d'obstacles, et parfois de déceptions !
N. M.
(*) École des hautes études des sciences sociales de Paris
EHESSIMAF, Campus Condorcet.