Mutations sociales : S’adapter à la nouvelle donne

Le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi, a indiqué jeudi dernier que 39 partis politiques et 25 listes d’indépendants ont retiré les dossiers de candidature en prévision des élections législatives du 12 juin prochain. Le politologue Said Grazem explique à ce sujet que ces élections interviennent dans un contexte plutôt favorable à l'émergence d'une nouvelle classe politique, si les règles de jeu sont respectées, le principal enjeu est de nourrir l'esprit de la participation démocratique. Il expliquera que «la fraude et l'interférence de l'administration qui ont caractérisé les rendez-vous électoraux par le passé ont eu pour effet un abandon de la pratique politique. Cette idée s’est plus ou moins imposée dans l'esprit des Algériens comme dans la classe politique devenue résignée, inerte et incapable de suivre le rythme des changements sociétaux rapides et d'être à la hauteur des aspirations légitimes du peuple». Le chercheur ajoute que l’abstention lors des élections précédentes signifie que l’électorat exprimait un manque d’intérêt à l’égard du principe même de représentation. Il estime que les causes de ce scepticisme sont multiples et liées en grande partie à la crise de confiance élargissant l'écart entre les citoyens et la classe politique, «une crise qui trouve sa parfaite illustration dans l’action des Algériens qui investissent la rue depuis deux ans et refusent que des partis politiques utilisent leurs slogans ou tentent de les représenter. Les médias ont rapporté plusieurs fois que des manifestants avaient éloigné des acteurs politiques et que cela peut être perçu comme une forme de violence symbolique et l'expression d'un manque de confiance vis-à-vis de la classe politique». «Si la démocratie est bien la souveraineté du peuple, la participation des citoyens en est bien la marque éminente» note le politologue, en précisant que «la participation signifie être engagé dans l’avancement du processus de construction démocratique entrepris par l'Etat par l’entremise d’institutions, d’organisations et d’activités politiques, et dont l'adoption de la nouvelle Constitution est la clé de voûte». L’intervenant dira que «la participation politique, dont le vote est un des mécanismes de l'expression de la volonté citoyenne, est présentée comme une voie de revitalisation de la démocratie qui, par essence, est fondée sur l’exercice transparent du pouvoir et surtout l'alternance», avant d’ajouter : «C'est aux citoyens électeurs qu'incombe la responsabilité de préserver les acquis démocratiques pour consolider la construction de l’Algérie nouvelle et ainsi mettre en échec toute tentative de détournement de l'idéal démocratique exprimé par la volonté populaire le 22 février 2019.» «Une démocratie saine a besoin de citoyens qui estiment que leur vote compte, informés, participent au débat et défendent les intérêts suprêmes de la nation», note-t-il.

Tahar Kaidi

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