
Jadis véritable poumon économique de la commune de Sidi M’hamed, dont il faisait la renommée, le marché Ali-Mellah est depuis quelques années presque totalement déserté et abandonné à son triste sort.
La descente aux enfers de cet immense espace commercial qui drainait chaque jour des milliers de personnes a commencé en 2014 lorsque les autorités locales ont décidé de le réorganiser et de mettre le holà à l’anarchie qui y régnait, notamment après que des centaines de commerces informels et étals ont totalement squatté ses allées. Victime de son succès, le marché devait être totalement restructuré. Fermé un certain temps, le temps justement de remettre de l’ordre et de construire une nouvelle annexe se trouvant entre les bazars du bas et ceux du haut, sa réouverture en 2016 a sonné le glas de son activité. En effet, les 147 nouveaux locaux réalisés, bien qu’ayant prétendument trouvé acquéreurs, demeurent fermés à ce jour. Seuls deux ou trois artisans activent dans ce lieu totalement désert où un agent veille mollement à la sécurité des lieux. Ainsi, ce sont des centaines de locaux qui restent fermés, sur les trois niveaux de cette structure, des allées vidées de leurs marchands, occupées par des véhicules stationnant dans cette enceinte pourtant interdite aux véhicules, quelques badauds qui passent par là pour se rendre à l’hôpital Mustapha-Pacha. Le tout donnant une atmosphère fantomatique à l’endroit. Plus haut, ce n’est guère mieux. L’ancien bazar, qui était l’un des plus courus de la capitale, où les futures mariées venaient faire leur trousseau, n’offre plus que le spectacle désolant d’un lieu totalement délabré. Là aussi, sur les quelque 200 locaux existants, les commerces ouverts se comptent sur les doigts d’une main. Rencontrés sur les lieux, des propriétaires qui viennent aux nouvelles de temps en temps nous ont parlé de leurs difficultés à rouvrir leurs commerces, en l’absence d’animation et surtout de clientèle. «Avant c’était une bonne adresse. Les acheteurs et même les visiteurs venaient des 48 wilayas du pays. Avec l’hôpital Mustapha-Pacha, le marché Ali-Mellah faisait la renommée et la fierté de la commune de Sidi M’hamed, surtout durant la décennie noire où tout le monde venait parce qu’il y avait la sécurité et une abondance de marchandises. Voyez ce qu’on en a fait», ont-ils déploré, jetant des regards désolés sur les lieux déserts. Il faut dire que le constat est déplorable. A part les deux bâtiments réservés aux fruits et légumes pour le premier et aux viandes et poissons pour le deuxième, qui attirent encore une petite clientèle de fidèles, il n’y a plus grand monde qui se presse. Les quelques commerces de vêtements, chaussures et vaisselle, qui jouxtent ces deux bâtiments, proposent des promotions à l’année dans l’espoir d’attirer les chalands.
Les grandes allées désertes servent désormais de parking sauvage
D’ailleurs, tout le monde se plaint de cette baisse d’activité et tous pointent du doigt les autorités locales, les accusant de mal gérer cette structure au potentiel pourtant énorme. «Avant, ce marché faisait vivre des milliers de familles. Il y avait des commerces partout, des agents de sécurité, de nettoyage, d’entretien,… Maintenant plus rien.» Pis encore, «le bazar sert désormais de parking sauvage puisque le site est presque vide. Les agents de la commune permettent aux véhicules de stationner pour se faire de l’argent de poche», explique ces commerçants qui signalent que le fameux parking Ali-Mellah est devenu «hors de prix» et lui aussi pratiquement vide vus les tarifs appliqués depuis sa reprise par la wilaya. «Ça commence à 150 DA, pour augmenter de 100 DA chaque heure passée. Vous vous rendez compte ? Du coup, les gens se sont rabattus sur les allées du marché ou carrément sur la voie publique pour stationner.» «On est partis à maintes reprises voir le maire qui, lui, nous renvoie aux services de la wilaya. Il nous dit à chaque fois qu’il ne peut rien faire et que la gestion de cette structure ne relève pas de ses prérogatives. Aussi, on a adressé nos doléances à la wilaya. Elles sont restées lettre morte comme vous le constatez». Pourtant, il suffirait juste d’insuffler une nouvelle dynamique au lieu, redonner de l’animation, en laissant les petits commerçants revenir s’installer. «Cela a bien été le cas pour les marchés d’El Djorf et d’El Hamiz. Ils ont enlevé les petits commerces informels qui gravitaient autour; quand ils ont vu qu’ils participaient à l'animation des lieux et à l’afflux du public, ils les ont laissés se réinstaller tout en les encadrant. Du coup, tout le monde est gagnant. Pourquoi ce ne serait pas le cas pour nous ?», diront les commerçants des différents niveaux du bazar. Pour eux, la wilaya doit prendre les mesures nécessaires pour rendre son lustre au marché Ali-Mellah, fleuron de la commune de Sidi M’hamed, «d’autant plus que c’est le seul bazar se trouvant dans l’enceinte de la capitale. Tous les centres commerciaux sont à plus de 20 km d’Alger centre. Il faut prendre l’autoroute alors que les Algérois n’avaient que cet espace à proximité» soulignent-ils, précisant au passage que les retombées économiques de la reprise de ce marché pourraient faire vivre des milliers de familles en ces temps de crise. Il constituerait un lieu commercial de prédilection pour la capitale et permettrait de renflouer substantiellement les caisses de la commune via la multiplication des ressources fiscales. A bon entendeur....
Amel Zemouri