
- Les actes de destruction et déstabilisation financés via des banques électroniques
- Saisie de 360.000 euros de «l’argent du sabotage»
La neutralisation d’un réseau criminel international visant la sécurité et l’unité nationales, a révélé le recours aux nouveaux modes opératoires de financement des projets destructeurs. Il s’agit entre autres, de financement via des banques électroniques à savoir «PayPal», «Money Gram» et «Paysera» ainsi qu’à travers la recharge des cartes électroniques. C’est ce qu’a indiqué jeudi soir, le procureur principal de la République auprès le tribunal de Sidi M’Hamed, Djamel Khodja, lors d’une conférence de presse sur cette affaire «aux dimensions dangereuses sur l’ordre public».
En effet, les investigations menées par la division centre de la police judiciaire de la sûreté de wilaya (SW) d’Alger, ont abouti à la mise en échec de plans criminels visant l’unité et la stabilité nationales et à la neutralisation d’une bande bien structurée dont les membres étaient grassement payés pour accomplir leur mission de déstabilisation du pays.
Le procureur principal de la République a évoqué «des financements suspects entre les membres de ce réseau en lien avec des personnes connues pour leurs activités criminelles destructrices installées à l’étranger du point de vue de la planification et du financement». Il a cité en ce sens, Larbi Zitout, Benhalima Mohamed Azouz, Abdellah Ben Mohamed, Boukhors Amir, Farouk Maamar installé aux Etats-Unis et Touraya Boudiaf installée en France.
M. Khodja a souligné que l’enquête a été menée en coordination avec le service central de lutte contre la cybercriminalité. «Elle a dévoilé des comptes électroniques aux noms fictifs sur les réseaux sociaux qui incitent aux attroupements, atteinte à l’ordre public et à la diffusion de fausses informations. Les membres du groupe activaient en coordination avec des personnes à l’étranger qui les finançaient en dinars et en devises pour inciter les citoyens sur les réseaux sociaux à poursuivre les marches non autorisées».
Le cerveau du groupe en lien avec le mouvement Rachad
Le suspect principal (R.S.) a été identifié comme étant le cerveau du groupe qui était en lien avec l’organisation terroriste Rachad, alors que des perquisitions électroniques et des domiciles des suspects ont démontré que B.R., en coordination avec K. Y, recevait des sommes importantes de la part de Maamar Farouk installé aux USA. «L’argent était destiné à financer des personnes influentes», précise le procureur principal de la République. En outre, F. M., un autre membre du réseau criminel, a procédé à l’ouverture d’un compte bancaire fictif à travers l’application Paysera. Les cyber-policiers ont également réussi à identifier L. B., un hacker amateur à qui on a confié la mission de piratage des comptes pour chantage contre des sommes d’argent versées dans un compte CCP ou pour la recharge des cartes bancaires. Lors de l’enquête, les policiers ont arrêté W. S., cambiste qui était chargé du transfert des devises en dinars.
L’opération s’est soldée par la saisie de sommes importantes estimées à 360.000 euros soit l’équivalent de 7 milliards de centimes. «Les investigations ont détecté de nouvelles méthodes de financement qui ne sont plus traditionnelles», relève le procureur principal de Sidi M’Hamed.
Dix personnes ont été arrêtées dans cette affaire et 12 autres identifiées sont en fuite, dont 6 installées à l’étranger. Présentées jeudi devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’Hamed, il a requis leur placement sous mandat de dépôt. «L’instruction judiciaire est toujours en cours», précise M. Khodja.
Les mis en cause sont poursuivis pour plusieurs chefs d’inculpation, crimes d’adhésion à un groupe destructif qui vise l’unité et l’intégrité territoriale, l’utilisation des TIC pour le recrutement de personnes, complot visant à inciter les citoyens à se rebeller contre l'autorité de l'Etat et visant à attenter à l'intégrité, propagation de fausses informations dans le but de porter atteinte à la sécurité et l’ordre publics. Ils sont poursuivis également pour délits de placement d’argent, diffusion de publications portant atteinte aux institutions de l’Etat, attroupement non autorisé, détention de stupéfiants pour consommation, infraction à la législation et à la réglementation relatives aux mouvements de capitaux de et vers l'étranger.
Plusieurs affaires pénales d'atteinte à l'ordre public et la sécurité et la stabilité de l'Etat ont été résolues ces derniers mois, suite à de profondes investigations menées par les services de sécurité ayant permis de démanteler des réseaux de financement d'activités subversives à travers le mouvement Rachad classé par le Haut conseil de sécurité comme organisation terroriste.
Neila Benrahal