
Le monoxyde de carbone, ce tueur silencieux, a fait 54 victimes le mois de janvier dernier, selon le dernier bilan de la Protection civile. La même source estime que la plupart des décès dus au monoxyde de carbone sont le résultat d’un défaut de prévention et d’application des conditions de sécurité et de sûreté.
Il s’agit principalement de l’absence ou l’insuffisance d’une ventilation adéquate et permanente dans les habitations, d’appareils de chauffage non conformes aux normes de sécurité imposées par l’Algérie ou d’appareil contrefait, ainsi que l’installation et l’exploitation incorrectes de divers appareils par des personnes non qualifiées.
Face à l’ampleur du danger de l’inhalation de ce gaz toxique, invisible et inodore, qui décime des familles entières, des spécialistes, des techniciens et des professionnels ont appelé à l'adoption de solutions intelligentes pour mettre fin aux risques liés à l'émission de gaz de monoxyde de carbone et préserver la vie des Algériens.
Chercheur au laboratoire «Apelec» de l'université de Sidi Bel Abbes, Said Nemiche met en avant l'importance des solutions technologiques pour faire face aux risques d'asphyxie par le monoxyde de carbone. «Les solutions technologiques peuvent fournir des systèmes d'alerte précoce pour alerter les résidents des niveaux dangereux de gaz, tels que le monoxyde de carbone ou le gaz naturel.
La technologie qui peut être utilisée pour déterminer les niveaux de gaz, permet ainsi réparations et entretien en temps opportun des équipements, et prévenir des risques liés au gaz», explique l'expert. Elles peuvent également, selon lui, contribuer à l'amélioration de la sûreté et la sécurité générales des habitations en Algérie, en fournissant des moyens supplémentaires de surveillance, d'intervention et d'alerte précoce en cas d'urgence. Dans ce cadre, il estime que la convention signée entre le groupe Sonelgaz et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique est d'une grande importance pour le développement des détecteurs de gaz par des chercheurs algériens de manière organisée, sûre et transparente avec des résultats exacts et fiables. «Elle permet, poursuit-il, de booster la recherche en Algérie. C’est aux chercheurs algériens de contribuer à trouver des solutions innovantes aux différents problèmes du pays en investissant dans la recherche, le développement et l'innovation, afin de réduire la dépendance du pays aux importations et au savoir-faire étranger».
La production de détecteurs est possible en Algérie
L’expert considère que la maîtrise de la production de détecteurs de monoxyde de carbone est possible en Algérie. Les autorités publiques peuvent y contribuer en prenant des mesures pour accroître la compétitivité de ces produits sur le marché. Ces mesures incluent l'investissement dans les nouvelles technologies, la recherche et le développement, la réduction des coûts, la facilitation de l'accès au financement, et l'incitation à l'innovation. «L'Algérie peut également, offrir des incitations aux entreprises qui produisent ou utilisent des détecteurs de monoxyde de carbone, et fournir des ressources pour former une main-d'œuvre qualifiée dans la fabrication et l'entretien de la technologie de détection. C’est ainsi que l'Algérie pourra accroître sa visibilité sur le marché mondial et attirer davantage d'investisseur qui viendront profiter de ses avantages concurrentiels», relève-t-il.
Les solutions intelligentes proposées par le chercheur, sont entre autres, le capteur de monoxyde de carbone intelligent, le système d'alarme intelligent qui surveille en permanence la présence de monoxyde de carbone dans l'air et peut être connecté à une application sur un smartphone ou un autre appareil. «Cette alarme peut alerter les utilisateurs lorsqu'un tueur silencieux est détecté, et peut même être programmée pour couper automatiquement l'alimentation en gaz afin de réduire le risque d'intoxication», explique Nemiche qui citera une autre solution intelligente, à savoir le système d'aération automatique intelligent, connecté à un système de détection. «Il peut faire entrer de l'air frais dans la maison, tout en expulsant l'air pollué. Cela réduit le risque de concentration de monoxyde de carbone dans l'air», affirme-t-il.
Salima Ettouahria
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Attention aux appareils contrefaits !
Les risques d'intoxication au monoxyde de carbone ne sont pas uniquement liés à la non-utilisation de détecteur, mais aussi à d'autres facteurs, notamment l'utilisation d'appareils de chauffage, et chauffe-eau contrefaits, en particulier ceux provenant de l'importation.
Dans ce cadre, M. Kamel Meghraoui, directeur d'une entreprise spécialisée dans la fabrication d'appareils de climatisation et de chauffage et de leurs accessoires, met en garde contre des parties qui importent des matières premières utilisées dans la fabrication d'équipements et d'appareils de chauffage et chauffe-eau avec de fausses licences. «Il faut mettre fin à l'importation des matières premières contrefaites avec de fausses licences. Ces produits sont de qualité inférieure à la matière première produite à El Hadjar. Le complexe sidérurgique d'El Hadjar est le premier en Afrique en termes de qualité, et personne ne peut rivaliser avec lui, car ses produits sont fabriqués selon les normes internationales», notera-t-il.
S'adressant aux fabricants, il appelle ces derniers à utiliser des matériaux locaux pour fabriquer un matériel de qualité, au lieu d'importer une matière première de troisième choix qui n'est même pas utilisée par les pays qui l'exportent. «Nous devons travailler pour valoriser le produit local en utilisant une matière première qui est à 100% de l'acier et de s'abstenir d'importer des produits qui tuent les Algériens», conclut-il.
S. E.
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La société civile intensifie ses efforts
La société civile intensifie, depuis le début de la saison hivernale, ses campagnes de sensibilisation aux risques d'asphyxie au monoxyde de carbone émis par les chauffages et les chauffe-bains, à travers des conseils et des orientations destinés aux citoyens, toutes catégories confondues et à travers l'ensemble du territoire, en vue de faire de la prévention contre ce tueur silencieux qui n'a eu de cesse de prendre des vies.
Ces campagnes incluent les quartiers, les résidences universitaires, les écoles, les structures publiques et les marchés, avec des opérations de porte-à-porte pour l'inspection et la sensibilisation aux risques d'asphyxie au gaz.
Dans ce contexte, le membre de l'Observatoire national de la société civile (ONSC), Sofiance Affane a affirmé, dans une déclaration à l'APS, que «la société civile a redoublé d'efforts de sensibilisation, au vu de la hausse du nombre de victimes asphyxiées au monoxyde de carbone», considérant l'Observatoire comme étant «une instance constitutionnelle qui rassemble et encadre l'action associative». L'ONSC, dit-il, «a mobilisé les associations nationales et locales pour adhérer aux efforts de l'Etat, en vue de sensibiliser le citoyen au risque d'asphyxie».
De ce fait, «il est nécessaire d'assurer la maintenance des chauffages, en coordination avec les différentes instances compétentes, à l'instar des agents de la Protection civile et les agents de Sonelgaz, avec l'accompagnement des services du commerce de l'industrie pour veiller sur les mécanismes de contrôle et normalisation des chauffages», a-t-il ajouté.
De son côté, le président de l'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (APOCE), Mustapha Zebdi, a affirmé à l'APS que son organisation «avait intensifié ses efforts en vue de mettre terme au phénomène d'asphyxie, et ce, à travers la mobilisation de tous ses adhérents et l'intensification des visites aux domiciles en coordination avec Sonelgaz, les éléments de la Protection civile, des scouts et de la direction du Commerce, outre des représentants de l'association des plombiers afin de s'enquérir des opérations de contrôle des appareils de chauffage, étant la raison principale de ces asphyxies.
Pour sa part, le chargé des campagnes de sensibilisation à l'APOCE, Kamel Gherrouk, a affirmé que l'organisation organisait des campagnes ayant pour objectif de mettre fin aux asphyxies au monoxyde de carbone à longueur d'année, en intensifiant l'activité en hiver et dans les régions froides et les plus touchées par ces asphyxies à travers le territoire national en coordination avec les instances publiques spécialisées dans le contrôle technique et l'accompagnement des représentants de la société Naftal, notamment dans les régions enclavées.
Il a insisté, en outre, sur l'importance d'assurer une bonne formation aux spécialistes en installation des appareils de chauffage au niveau des centres de formation professionnelle.
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Constantine : Un mort et deux personnes sauvées
Un homme est décédé lundi et deux femmes ont été sauvées in extremis, dans la commune de Didouche-Mourad (Nord de Constantine), après avoir inhalé du gaz brûlé émanant d’un appareil fonctionnant au gaz naturel, ont indiqué les services de la Direction de la Protection civile (DPC).
Les éléments de l’unité secondaire de cette commune sont intervenues pour un accident concernant l’intoxication de trois personnes d’une même famille par le monoxyde de carbone émanant d’un chauffage, causant la mort d’un homme âgé de 68 ans, a affirmé la cellule de communication de ce corps constitué, notant que le décès de cette personne a été confirmé après son évacuation à l’hôpital de Didouche-Mourad.
L'accident qui s'est produit à la cité Belaâbed Laârbi, a provoqué également l’intoxication de deux femmes âgées de 61 et de 25 ans, a ajouté la même source, signalant que les deux victimes ont été transférées vers le même établissement de santé par la Protection civile.
Une enquête a été ouverte par les services de sécurité territorialement compétents pour déterminer les causes exactes de ce drame.