
Après la détection en Algérie de deux cas de variants du SARS-CoV-2, l’inquiétude et l’appréhension refont surface et beaucoup de citoyens redoutent le retour à la case départ si la situation empire. Il n’y a pas lieu de s’alarmer souligne à El Moudjahid le Professeur Mostefa Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM). «C’est un virus dont on a beaucoup parlé mais, apparemment, il ne constitue pas un motif d’inquiétude particulier du fait que les pays où il a été signalé, une cinquantaine, n’ont pas fait état d’une gravité particulière». L’origine du variant britannique se situe en fait aux Pays-Bas avant de se propager en Angleterre, après un point de passage qui a provoqué sa mutation. Se référant aux spécialistes, le pédiatre déclare que ce nouveau variant du SARS-CoV-2 a une spécificité de rapidité dans la contamination, mais il reste identique à la première souche sur le plan de la virulence. «Cela est dû au fait que la mutation a concerné la clé par laquelle le virus rentre dans la cellule pour acquérir une forme plus adaptée lui permettant de s’y introduire plus facilement. Il n’a pas de virulence particulière ou d’influence sur le taux de mortalité ou la gravité de la maladie. Au début l’on avait des craintes sur l’efficacité des vaccins à base d’ARN comme celui de Pfizer et de Moderna basés sur la protéine Spike, c’est-à-dire sur cette partie qui a subi une mutation, mais finalement ces vaccins sont aussi efficaces sur les variants du coronavirus, au même titre que les autres vaccins qui confèrent une immunité assez satisfaisante». Mais qu’est-ce qu’au juste un variant ? Le Pr. Khiati précise qu’il s’agit d’un virus qui a subi une modification dans sa structure génétique. «Cette modification est généralement liée à une multiplication très rapide entraînant des mutations surtout lorsqu’il y a un changement d’environnement. Certains médicaments prescrits aux malades atteints de la Covid-19, comme le Remdesivir, seraient à l’origine de ces mutations. Les prélèvements de PCR chez ces malades ont révélé la présence de nouvelles souches du coronavirus. Ce qui explique que le virus avait subi des modifications et plusieurs mutations. Le Remdesivir est appelé maintenant un médicament mutagène». Selon le praticien, l’arrivée du variant en Algérie ne nécessite pas de prendre des précautions supplémentaires ou le retour au confinement. «Nous devons juste continuer à appliquer les mesures de protection et de prévention et observer les gestes barrières classiques. Lorsqu’on fait l’historique de la pandémie, on s’aperçoit que l’Algérie a connu trois épidémies successives. La première en mars, la seconde en juillet et la troisième, la plus importante, en octobre et novembre. Dans le jargon scientifique, on ne peut parler que de trois épidémies, mais pas de vague ou de rebond. Ces épidémies sont dues à des virus qui ont subi une modification ou une mutation, cela veut dire que nous avons déjà connus trois modifications du virus. Sauf que nous n’avons pas les données pour le confirmer». S’agissant de la situation épidémiologique, le Pr. Khiati estime que notre pays traverse à présent une période stable et le bout du tunnel n’est peut-être pas loin. «Cependant, nuance-t-il, cela ne veut pas dire qu’on est sorti de l’auberge, ce virus a montré à maintes reprises qu’il était surprenant et ne cessera sans doute pas de nous surprendre, d’où la nécessité de rester vigilants».
Kamélia Hadjib