Le moudjahid Mohamed Larbi Merad : à 93 ans, il se souvient encore

Le moudjahid de la première heure, Mohamed Larbi Merad, 93 ans, se souvient. Pour lui, le 1er novembre 1954 n’est pas venu accidentellement ni le fait du hasard, mais ce fut un évènement mûrement réfléchi qui symbolise le couronnement de longues années de lutte depuis l’arrivée des forces coloniales en Algérie.

Ammi Larbi affirme que les préparatifs de la Révolution dans la région d’Annaba ont eu lieu au mont de l’Edough, au domicile du moudjahid El-Hadj Mahmoud Rachedi, dit Allaoui, de la zaouïa d’El-Allaouia, sous la houlette du moudjahid Amar Benaouda, membre du groupe historique des 22. «Mahmoud Rachedi est le père d’une famille noble qui a sacrifié 4 de ses fils pendant la guerre de Libération nationale», a-t-il dit, citant les prénoms des quatre martyrs : Mohamed, Ahmed, Boubakeur et Hacene. «Mahmoud Rachedi avait une baraque au lieu dit Djebel Benothmane. Il fournissait un soutien logistique aux responsables qui préparaient la Révolution, dont Mohamed Larbi Merad, neveu du chahid Badji Mokhtar, et d’autres dirigeants, tel Amar Benaouda, pour ne citer ceux-là», raconte Ami Larbi, qui affirme avoir participé à plusieurs réunions de coordination au même lieu avec d’autres compagnons, parmi lesquels il cite l’adjoint de Benaouda, Arar Khemissi dit «El-Hadi», qui était membre de l’Organisation spéciale (l’OS), ainsi qu’Amara Laskri dit «Bouglez». Mohamed Larbi Merad rappelle, dans son récit, qu’Amar Benaouda, accompagnés de Zighoud Youcef, Badji Mokhtar, Slimane Barkat et Bekkouche Abdelbaki, s’est évadé de la prison d’Annaba, pour rejoindre le maquis en 1950.

Le moudjahid Mohamed Larbi Merad se remémore le climat d’insécurité au sein de la communauté coloniale française, dès la première étincelle du 1er novembre 1954 et les attaques audacieuses contre les positions militaires et policières de l’ennemi. À Annaba ,le premier novembre 1954 à l’aube fut marqué par une série d’opérations contre des sites de l’ennemi, tels les incendies d’un entrepôt de lièges près de l’hôpital Dorban, d’une ferme dénommée à l’époque Chapeau de Gendarme à proximité de Mondovi, aujourd’hui Dréan, et le sabotage d’une unité de sapeurs-pompiers à Seraïdi (ex-Bugeaud).

Le déraillement d’un train au niveau de la région de Bouchegouf et l’attaque aventureuse du bureau de poste de Medjez Sfa, pour vider les coffres, ont été également relatés par Ammi Larbi Merad. Il revient, enfin, sur son arrestation en 1955, après que l’armée coloniale ait découvert le noyau constituait par Amar Benaouda, responsable de la zone Est. Plusieurs arrestations ont eu lieu dont Ammi Larbi, condamné à deux ans de prison ferme. Il a été emprisonné à Annaba, Constantine, Barberousse (Serkadji) et Blida jusqu’à 1957. Ensuite, il avait rejoint les compagnons de la lutte armée au maquis sur ordre de Si Amar Benaouda. Il se souvient de ces évènements alors qu’il occupait le poste de chef de la zone 6 de la Wilaya II historique, dans la région d’Annaba, jusqu’à l’indépendance du pays.

B. G.

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